L'opposition péquiste a créé un climat « vicié et malsain » qui a mené le gouvernement à annuler un contrat donné sans appel d'offres pour l'évaluation des retombées économiques du projet d'oléoduc Énergie Est, a déclaré jeudi le ministre des Finances, Carlos Leitao.

M. Leitao a affirmé que ce sont les fonctionnaires de son ministère qui effectueront finalement ce mandat, plutôt que le cabinet de consultants Aviseo Conseil.

« Nous avons décidé de faire ça, de le donner au ministère des Finances étant donné le climat vicié et malsain qui a été créé par l'opposition officielle, a-t-il dit aux journalistes. Avant même que la firme commence ses travaux, l'opposition était déjà arrivée à la conclusion que ce rapport allait être complaisant et que les personnes en question étaient des incompétents. »

En début de semaine, M. Leitao avait annoncé qu'un contrat de près de 95 000 $ avait été donné sans appel d'offres à Aviseo, ce qui lui a valu des critiques de la part du chef péquiste Pierre Karl Péladeau.

M. Péladeau a établi un lien entre un des associés d'Aviseo, Jean-Pierre Lessard, et le directeur de cabinet du ministre, Guillaume Caudron, anciens collègues du cabinet-conseil Secor et coauteurs d'une estimation chiffrant les retombées économiques du Plan Nord à 148 milliards.

Les péquistes ont aussi souligné qu'un des associés actuels d'Aviseo, Pierre Lefebvre, avait été choisi par l'ex-ministre libérale des Finances Monique Jérôme-Forget afin de diriger l'Agence des partenariats public-privé, en 2005.

Jeudi, M. Leitao a affirmé que son directeur de cabinet n'a « jamais été impliqué directement ou indirectement dans l'octroi de ce contrat ».

Selon le ministre, alors que le Parti québécois était au pouvoir, le ministère avait accordé des contrats de gré à gré aux personnes citées par ses adversaires.

« Aujourd'hui ces personnes sont des incompétents mais en 2012 et 2013 ils étaient très bons, a-t-il dit. Cette incohérence est déplorable. »

Les coûts de l'annulation du contrat à Aviseo Conseil devraient être minimes puisque le contrat ne prévoit qu'un remboursement des frais engagés alors que le mandat venait tout juste d'être confié, a indiqué le ministre.

Selon une source gouvernementale, le PQ a « injustement » fait un lien partisan puisque Jean-Pierre Lessard a été économiste pour le Bloc québécois.

« Ce n'est pas un ami libéral », dit-on.

En Chambre, cette semaine, le premier ministre Philippe Couillard a soutenu que l'opposition accuserait le gouvernement de manquer d'impartialité s'il se contentait des analyses produites par le ministère des Finances.

Dans un point de presse, M. Péladeau a affirmé que l'annulation du contrat avec Aviseo montre les problèmes d'organisation du gouvernement.

« On fait comme le festival du 48 heures, a-t-il dit. Quarante-huit heures il y a quelque chose qui se passe et 48 heures on a un recul. Et là il semble que le recul de la journée, 48 heures plus tard, ce soit, donc, l'annulation du contrat à Aviseo Conseil. »

Le député de Québec solidaire Amir Khadir a répété que le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) aurait été tout désigné pour faire une analyse indépendante des retombées économiques d'Énergie Est, dont le promoteur est la société TransCanada.

« Étant donné le fait que la confiance n'est pas totale dans les cabinets ministériels et au sein des ministères concernés à cause de toutes les années de nominations partisanes, je pense que tout le monde dormirait plus tranquille et serait plus persuadé de la valeur de l'évaluation si c'est remis au BAPE comme c'est prévu par la loi », a-t-il dit.

Plus tôt, M. Leitao a cependant soutenu que le BAPE n'a pas la crédibilité pour évaluer les retombées d'un projet de cette envergure.

« Dans un projet d'une telle envergure, les analyses de retombées économiques sont à mon avis plus crédibles si elles sont faites par les experts dans le domaine de l'analyse », a-t-il dit.