Le Québec a un problème majeur de démographie, mais il n'est pas question pour l'instant de hausser à 60 000 le nombre d'immigrants reçus par année. Au contraire, on veut garder le cap des 50 000 pour 2017 et 2018, ont indiqué mardi Philippe Couillard et sa ministre de l'Immigration Kathleen Weil.

À l'Assemblée nationale, le député péquiste Maka Kotto et le chef de la CAQ, François Legault ont relevé le changement de cap apparent du gouvernement, qui avait évoqué la cible de 60 000 dans un récent document de réflexion sur l'immigration. 

En entrevue au Soleil, Mme Weil a souligné qu'il « était difficilement envisageable de prévoir autre chose qu'une stabilité relative » durant les prochaines années, une période de « transition ». « Il faut prendre le temps de mettre les choses en place. L'objectif, c'est de bien intégrer », a dit la ministre en entrevue.

Interpelé par François Legault, Philippe Couillard a souligné qu'il n'avait jamais pris sur lui le chiffre de 60 000. Pour lui, « il faut mettre le maximum d'efforts, on le sait, à bien intégrer à l'emploi et à franciser les personnes qui choisissent de continuer leur vie chez nous. C'est très important de le faire, et on va continuer de le faire ».

« On a tous rêvé, puis tous les chroniqueurs qui ont écrit là-dessus ont tous rêvé : personne n'a entendu le premier ministre, a répliqué François Legault. Je n'en reviens pas. Le 9 mars dernier, je me souviens très bien d'avoir demandé au premier ministre de ne pas augmenter le seuil d'immigration de 50 000 à 60 000, donc de 20 %. J'ai bien entendu le premier ministre dire : "C'est nécessaire d'augmenter les seuils d'immigration". Il m'a même accusé de souffler sur les braises de l'intolérance. Ce matin, le premier ministre a l'air de se dessouffler, c'est le moins qu'on puisse dire », a conclu le chef caquiste.

Problème criant de démographie

Pour Philippe Couillard, « nous avons un problème majeur de démographie au Québec. C'est une question de prospérité pour le Québec ». 

Les dernières statistiques montrent que la population active a perdu 17 000 individus. « Il y a deux ans, il y avait 38 000 emplois disponibles à Emploi-Québec, il y en a 56 000 aujourd'hui, a renchéri M. Couillard. On manque de travailleurs au Québec. On manque de travailleurs qualifiés. On manque de monde pour occuper les emplois disponibles ».

« Il n'y a pas que l'immigration comme réponse, mais c'est une réponse incontournable, a ajouté le premier ministre. Il faudra progressivement augmenter notre accueil au Québec. On le fera de façon correcte, on le fera au moyen de consultations, comme on fera cette année, année après année, et on va d'ici là maximiser nos efforts d'intégration ». 

Pas question toutefois qu'indirectement, on présente l'immigration comme une menace pour la société québécoise, insiste-t-il.