La députée péquiste Martine Ouellet accuse le premier ministre Philippe Couillard d'empêcher son ministre des Transports d'agir pour mettre terme aux activités de « taxi illégal » d'UberX.

Selon elle, Jacques Daoust se bute à l'ingérence du premier ministre.

Elle rappelle que le ministre Daoust a déclaré en commission parlementaire qu'UberX faisait du transport illégal et qu'il avait « abusé du système » 450 000 fois dans un seul mois.

Selon la députée, qui est aussi porte-parole de son parti en matière de transport, c'est M. Couillard qui bloque les efforts de son ministre des Transports, comme il l'avait fait auparavant avec Robert Poëti lorsque celui-ci occupait les mêmes fonctions ministérielles.

Le premier ministre protège la multinationale et va même à l'encontre de la volonté de ses propres ministres, a-t-elle dénoncé, jeudi.

Mme Ouellet soutient que la situation sur le terrain continue de se dégrader. Les chauffeurs de taxi s'inquiètent pour leur gagne-pain vu la part de marché qu'occupe désormais UberX et accusent le service de faire de la concurrence illégale.

« Le premier ministre est maintenant le seul responsable des perturbations que l'on connaît. Il laisse pourrir la situation depuis plusieurs mois déjà. Il est plus que temps que Philippe Couillard laisse son ministre des Transports faire son travail et appliquer la loi », a déclaré la députée dans un communiqué.

Elle suggère au gouvernement de procéder par injonction pour arrêter les activités d'UberX ou encore d'appeler à l'étude le projet de loi du Parti québécois qui a justement pour but de contrer le taxi illégal.

Le projet déposé le 18 février vise à procurer des outils supplémentaires au ministre des Transports afin de favoriser le respect des lois québécoises, énonce le PQ. Il propose une gradation des mesures pour inciter les chauffeurs à respecter la loi : lors d'une première infraction, les chauffeurs de taxi illégaux verraient quatre points d'inaptitude inscrits à leur dossier, et leur permis serait suspendu pour 28 jours en cas de récidive.

Uber affirme répondre à la demande

Uber, de son côté, affirme répondre à la demande de la population québécoise en offrant une solution de rechange sécuritaire, fiable et abordable.

Réagissant à la prise de position de la députée, Uber juge que celle-ci s'oppose à toutes les innovations et voudrait isoler le Québec des technologies qui permettent au reste du monde de progresser.

« Ses liens étroits avec les syndicats de l'industrie du taxi l'empêchent visiblement de saisir le pouls de la population et de se rendre compte que les Québécois veulent plus d'options dans les transports et qu'ils ont adopté Uber pour se déplacer au quotidien », a écrit dans un courriel Jean-Christophe de Le Rue, porte-parole d'Uber Canada.

Il estime qu'elle devrait plutôt encourager les modes de transport novateurs et proposer des pistes de solution pour réglementer le covoiturage urbain, plutôt que de se battre pour le statu quo.

Les audiences de la commission parlementaire sur le transport rémunéré de personnes se sont terminées le 10 mars à Québec.

Au terme de cette commission, M. Daoust avait affirmé que le gouvernement pourrait racheter les permis en vente, pour ensuite les louer afin d'en tirer des revenus, par exemple.

Le ministre Daoust avait promis un projet de loi avant la fin du mois de mars, puis a déclaré qu'un peu plus de temps serait nécessaire.