Philippe Couillard a mis les Québécois en garde contre la « culpabilité par association », vendredi, alors que l'opposition le presse de dissiper les doutes sur le financement du Parti libéral.

Les accusations de complot, de fraude envers le gouvernement et de corruption qui pèsent contre Nathalie Normandeau n'ont rien à voir avec le gouvernement libéral actuel, a réitéré le premier ministre, lors d'une mêlée de presse à Montréal. Et ce, même si 13 ministres du gouvernement Charest font partie de son cabinet.

« Si on disait quoi que ce soit là-dessus on se livrerait à l'exercice fondamentalement injuste de la culpabilité par association ou de soupçons par association, a-t-il déclaré. Les gens qui sont en politique sont là pour le bien commun et pour rendre service à la société dans une partie de leur carrière. »

« Il faut le reconnaître, a-t-il ajouté. Oui, il y a toujours des choses à améliorer dans le financement politique, on l'a vu et là, on va de l'avant. »

En 2012 - avant qu'il devienne chef du PLQ - M. Couillard a affirmé que l'objectif de financement de 100 000 $ fixé aux ministres par M. Charest n'avait pas été une bonne idée. Mais il n'a pas réitéré cette affirmation, vendredi, lorsqu'on lui a demandé si cette pratique n'était pas à la source du problème.

« Je pense que plus profondément que ça, c'est le mode de financement même qui devait être réformé, a-t-il dit. Outre ça, ce qui profondément changé la politique pour le mieux, croyez-moi pour le mieux, c'est que le financement est populaire, 100 $ dans les circonscriptions et ça ça nous permet de passer beaucoup plus de temps avec nos militants pour parler d'idées et de projets. »

Mais aux yeux de l'opposition, le premier ministre libéral ne peut se dissocier si facilement de l'ancien gouvernement Charest, dont il a été ministre de la Santé pendant cinq ans.

Le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, a sommé M. Couillard de prouver aux Québécois que son parti respecte la loi.

« C'est la responsabilité du premier ministre de s'expliquer sur les méthodes de financement du parti politique auquel il appartient depuis 2003 », a-t-il affirmé en marge d'une allocution devant la Chambre de commerce et d'industrie du Coeur-du-Québec, à Bécancour.

Le chef de l'opposition a salué l'opération policière de jeudi qui, selon lui, marque un tournant dans les moeurs politiques.

La rafle de l'UPAC s'est soldée par l'arrestation de deux personnes liées au Parti québécois, dont l'ancien attaché politique de Pauline Marois. Mais pour M. Péladeau, c'est surtout le Parti libéral qui est touché.

« Est-ce que vous vous souvenez dans l'histoire d'un vice-premier ministre, d'une vice-première ministre, qui a été accusé pour complot, pour fraude, pour abus de confiance avec son chef de cabinet? »

« Ce n'est d'aucune comparaison », a-t-il ajouté.

Financement

Deux anciens ministres libéraux, Marguerite Blais et Henri-François Gautrin, ont semblé établir un lien entre les faits qui sont reprochés à Nathalie Normandeau et la cible de financement de 100 000 $ imposée à ses ministres par Jean Charest. Mme Blais a affirmé qu'il lui était difficile d'atteindre cet objectif car, contrairement à certains de ses collègues, elle ne pouvait pas « donner des contrats ».

Cette affirmation a fait sursauter la députée de la Coalition avenir Québec, Nathalie Roy.

« C'est troublant de lire qu'eux-mêmes font ce lien entre l'octroi de contrats et le financement du parti politique, a-t-elle indiqué. C'est eux qui font ce lien: les deux ont dit spontanément que c'est plus facile de faire du financement lorsqu'on est un ministre avec un portefeuille qui donne des contrats. »

Elle a de nouveau sommé Philippe Couillard de s'excuser auprès des Québécois et de s'engager à rembourser toute somme recueillie frauduleusement.

« L'ombre de l'UPAC, a-t-elle dit, elle plane sur tout le Parti libéral du Québec. »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES PC

Au lendemain de l'arrestation de sept personnes dont l'ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau, le chef péquiste a sommé le premier ministre de prouver aux Québécois que son parti respecte la loi.