Par son silence, le premier ministre Philippe Couillard laisse entendre qu'il cautionne la stratégie d'intimidation et de harcèlement du ministre Gaétan Barrette, selon la députée péquiste Diane Lamarre.

Mme Lamarre est revenue à la charge lundi, en point de presse, pour réclamer au premier ministre qu'il intervienne publiquement afin de condamner l'attitude belliqueuse du ministre de la Santé à son égard.

La députée de Taillon reproche au ministre Barrette d'entretenir avec elle des rapports d'intimidation à répétition et de harcèlement depuis deux ans à l'Assemblée nationale, par diverses remarques désobligeantes, mise en cause de son intégrité, insultes et injures.

Interpellé à ce sujet durant un point de presse sur un autre sujet lundi, le ministre Barrette a jugé pour sa part que l'incident était clos.

Devant le refus répété du ministre de s'excuser et de s'amender, Mme Lamarre a demandé, dans une entrevue à La Presse Canadienne dimanche, au premier ministre d'intervenir personnellement en demandant à son ministre de changer de comportement.

Le premier ministre Couillard ne s'est pas encore prononcé publiquement sur la controverse, qui dure depuis plusieurs jours.

«Est-ce qu'on doit conclure du silence du premier ministre qu'il serait d'accord avec ce que son ministre fait?», s'est interrogée la députée lundi.

S'il ne dénonce pas les agissements de son ministre, «il les cautionne, jusqu'à un certain point», selon elle.

La députée rappelle qu'en début de mandat le premier ministre s'était pourtant engagé à prôner le respect entre parlementaires et à se tenir loin des attaques personnelles.

L'ex-député libéral Gilles Ouimet, retourné à la pratique du droit, a apporté de l'eau au moulin de la députée péquiste, en disant, sur les ondes de RDI, qu'il y aurait selon lui matière à enquête de la part du Commissaire à l'éthique et à la déontologie.

«On a adopté en 2011, à l'unanimité, un code d'éthique et de déontologie à l'Assemblée nationale, et on a inscrit dans ce code les valeurs» défendues par les députés.

Il a rappelé que l'article 6 du code prescrit aux parlementaires de faire preuve de respect entre eux et de respect envers l'institution qu'est l'Assemblée nationale.

Mme Lamarre a dit voir sous un jour favorable que «toutes les instances qui ont une certaine autorité et qui considèrent que c'est important le respect mutuel et le respect de l'institution» démontrent un intérêt pour faire en sorte de régler le problème.

En entrevue téléphonique, le commissaire à l'éthique, Jacques Saint-Laurent, a invoqué son devoir de réserve pour ne pas prendre position publiquement dans le dossier.

«Je ne peux pas commenter», a-t-il dit, rappelant que les sujets de ses enquêtes ne sont connus qu'au moment où les rapports du commissaire sont rendus publics.

Le conflit entre la députée et le ministre Barrette a éclaté la semaine dernière quand ce dernier a allégué que Mme Lamarre était «en conflit d'intérêts permanent», et qu'elle avait «les deux mains dans le plat de bonbons», à l'époque où elle dirigeait l'Ordre des pharmaciens. Selon lui, elle avait cautionné un stratagème de surfacturation, aux dépens des clients, obligés de payer un prix trop élevé pour leurs médicaments, ce que Mme Lamarre avait aussitôt nié avec vigueur.

M. Barrette n'a jamais retiré ses paroles ni présenté d'excuses.