L'ex-premier ministre du Québec Jean Charest, qui s'est prononcé en faveur du projet d'oléoduc Énergie Est en janvier dernier, a agi « occasionnellement à titre de conseiller en communications » pour TransCanada jusqu'en septembre 2015, a confirmé la société albertaine hier.

Le 28 janvier 2016, soit près de quatre mois après la fin de son mandat comme conseiller en communications chez TransCanada, Jean Charest s'est prononcé en faveur du projet Énergie Est dans le cadre d'une conférence à Québec. Dans une entrevue au Soleil, M. Charest indiquait que le projet de TransCanada méritait d'être réalisé, mais que l'entreprise devait répondre à certaines conditions avant d'obtenir l'accord de l'Office national de l'énergie. 

« M. [Justin] Trudeau semble avoir donné une indication assez claire qu'il y aura des tests et une évaluation plus rigoureuse que ce qui était prévu. Tant mieux. Là, il faut maintenant avoir un débat ordonné et ne pas juste y aller à coups d'impressions. Juste dire non, ce n'est pas une réponse », avait indiqué M. Charest au Soleil.

Dans son numéro d'hier, le quotidien The Globe and Mail a rapporté que Jean Charest aurait tenté d'organiser une rencontre entre TransCanada et Gerald Butts, secrétaire principal et proche collaborateur du premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Le cabinet du premier ministre a confirmé au Globe and Mail que M. Charest a demandé à M. Butts, lors d'une conversation en début d'année, « s'il serait prêt à avoir une rencontre avec TransCanada », et que M. Butts « a été clair avec M. Charest qu'il y a des règles et processus pour ce type de rencontres [du lobbying] et que s'ils voulaient suivre ce processus, il [M. Butts] serait heureux de discuter d'une rencontre avec TransCanada ».

Pas de mandats de lobbying enregistrés 

Le Commissariat au lobbying du Canada a indiqué prendre « toutes les allégations [de lobbying] au sérieux », mais conformément à sa politique, il n'a précisé publiquement s'il allait enquêter dans ce dossier, car « les examens et enquêtes doivent être menés en secret ».

TransCanada n'a pas répondu directement, hier, à la question de savoir si M. Charest a fait du lobbying pour l'entreprise.

Selon la loi fédérale, un acte de lobbying doit être rémunéré par un client ou un employeur. Dans le cas de M. Charest, son mandat rémunéré de conseiller en communications avec TransCanada « s'est terminé le 30 septembre 2015 », selon l'entreprise, et sa conversation avec M. Butts a eu lieu au début de l'année 2016, selon The Globe and Mail. M. Charest, qui est associé au sein du cabinet d'avocats McCarthy Tétrault, n'a pas de mandats de lobbying enregistrés au registre au Québec comme au fédéral.

M. Charest, qui était à l'extérieur du pays hier, n'avait pas de commentaires à formuler, a indiqué un porte-parole.

En point de presse à Vancouver, le premier ministre Trudeau a indiqué que son gouvernement a « fait savoir, publiquement et privément, [qu'il] va agir de manière ouverte, transparente et responsable et suivre les règles. C'est ce que nous avons fait et c'est ce que nous allons continuer à faire. C'est aussi ce à quoi nous nous attendons de la part de tous ceux qui traitent avec le gouvernement. » 

À cinq jours du scrutin du 19 octobre dernier, le coprésident de la campagne du Parti libéral du Canada, Dan Gagnier, a été contraint de quitter son poste après avoir envoyé un courriel aux dirigeants de TransCanada dans lequel il leur donnait des conseils stratégiques pour s'assurer que le projet Énergie Est voie le jour. M. Gagnier avait été le chef de cabinet de Jean Charest à Québec de 2007 à 2009.