«Sérieusement malade», le ministre Pierre Moreau est forcé de «réduire substantiellement» ses activités pour les prochains mois. Une annonce qui a forcé le premier ministre Philippe Couillard à remanier son cabinet, lundi, et à scinder en deux le névralgique portefeuille de l'Éducation.

Le bureau de M. Couillard a révélé en après-midi que les symptômes de M. Moreau et les premiers tests médicaux ont révélé la présence d'une néoplasie, un terme médical qui désigne une tumeur. La nature exacte de la maladie n'a pas été dévoilée, mais tout porte à croire qu'il s'agirait d'un cancer.

Visiblement secoué, Philippe Couillard a reconnu que M. Moreau est «sérieusement malade». Mais il s'est montré optimiste quant à ses chances de rétablissement.

«Je ressens en lui - et ce n'est pas surprenant pour quiconque le connaît - un intense désir de combattre et de gagner», a-t-il déclaré.

M. Moreau revenait à peine d'un congé forcé de deux semaines. Il avait dû quitter l'Assemblée nationale en ambulance le jour de la prestation de serment du Conseil des ministres, à la fin du mois de janvier. Il a repris le collier avec quelques livres en moins, la semaine dernière, et il avait alors confié avoir été victime d'un virus.

La nouvelle de sa maladie a été accueillie avec consternation à l'Assemblée nationale. Dans ce lieu de débat et d'affrontement, les députés de tous les partis ont posé les armes pour souhaiter un prompt rétablissement au député de Châteauguay.

Proulx et David en renfort

La nouvelle a forcé le premier ministre à remanier son cabinet en catastrophe. Un jeu de chaises musicales qui survient moins d'un mois après celui du 28 janvier.

Le ministère de l'Éducation, dont M. Moreau avait la charge, sera dorénavant dirigé par deux ministres.

Nommé à la Famille il y a un mois à peine, Sébastien Proulx gagne déjà du galon. Il conserve ses fonctions et devient ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport. C'est lui qui pilotera la controversée réforme des commissions scolaires, en plus des épineuses négociations avec les centres de la petite enfance (CPE).

Le cumul de ces fonctions permettra d'établir une «convergence» entre le réseau préscolaire et celui des écoles, a indiqué le premier ministre, qui a toutefois exclu un changement de structures.

Sa collègue Hélène David, une ancienne sous-ministre à l'Éducation, quitte la Culture et devient ministre de l'Enseignement supérieur. Elle sera responsable des cégeps et des universités.

Ces nominations ne sont pas temporaires, a pris soin de préciser M. Couillard, ce qui laisse entendre que l'absence de M. Moreau sera longue.

«Les nominations que je fais aujourd'hui sont des nominations qui dépassent le court terme, et certainement même le moyen terme, a-t-il dit. Je n'ai pas besoin de vous dire que le système d'éducation, pour plusieurs raisons, a vu plusieurs ministres au cours des dernières années. Je pense qu'il est temps d'apporter de la stabilité.»

Le ministère de l'Éducation en est à son sixième ministre en cinq ans.

Pierre Moreau conserve un siège au cabinet. Comme ministre délégué aux Finances, il pourra se consacrer à ses traitements et demeurer un membre à part entière de l'équipe gouvernementale, a indiqué le premier ministre.

PHOTO LE SOLEIL

Sébastien Proulx

«Sa chaise est là à l'Assemblée [nationale], sa chaise est là au Conseil des ministres, a-t-il dit. Le plus vite possible, on voudra le revoir à nos côtés.»

Le jeune député Luc Fortin, qui venait d'être nommé ministre du Loisir et du Sport, quitte déjà ce portefeuille pour hériter de la Culture et des Communications. Il sera aussi responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française.

Quant à Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Santé, elle hérite de la responsabilité de la Montérégie qu'occupait M. Moreau.

Garder le cap

Sébastien Proulx, ancien leader parlementaire de l'Action démocratique du Québec, se trouvera rapidement sous le feu des projecteurs. Une commission parlementaire se penche sur le projet de loi 86, qui prévoit notamment l'abolition des élections scolaires.

La consultation devait reprendre mardi. Mais elle pourrait reprendre dans quelques jours, a indiqué M. Couillard, le temps que le nouveau ministre prenne connaissance du dossier.

Chose certaine, a affirmé M. Couillard, l'objectif de réformer les commissions scolaires reste intact.

«On garde le cap», a-t-il résumé.

PHOTO LA PRESSE

Hélène David