L'opposition a accusé le gouvernement du Québec d'avoir renoncé à ses droits en échange d'une promesse hypothétique qu'Air Canada effectuera à Montréal l'entretien des nouveaux avions de Bombardier.

Le chef caquiste François Legault a affirmé que le gouvernement s'est fait «rouler dans la farine» par le transporteur aérien.

M. Legault croit que le gouvernement était en bonne position pour obtenir gain de cause, à la suite de la décision d'Air Canada de cesser ses activités d'entretien au Canada, en 2012.

Le chef caquiste a rappelé que des dispositions légales obligeaient Air Canada à assurer ces activités dans trois villes canadiennes, dont Montréal.

L'automne dernier, la Cour d'appel avait notamment confirmé que l'entreprise devait maintenir son entretien au Canada en vertu d'une loi fédérale adoptée en 1988, au moment de la privatisation du transporteur.

Dans la foulée de l'annonce de l'intention d'Air Canada d'acheter 45 avions C Series de Bombardier, mercredi, le premier ministre Philippe Couillard a déclaré que Québec serait disposé à renoncer à ses recours judiciaires en échange d'un engagement à effectuer l'entretien de ces appareils à Montréal.

Pour M. Legault, cet engagement ne fait pas le poids comparativement au maintien de l'entretien pour des gros porteurs.

«M. Couillard, dans sa négociation avec Air Canada, a échangé l'entretien lourd sur 300 appareils chez Air Canada, contre 45 appareils éventuellement de la Série C, a-t-il dit. Il a échangé des gros porteurs qui demandent beaucoup plus d'entretien contre des petits porteurs.»

Selon le chef caquiste, cette décision a pour effet d'échanger environ 1800 emplois rémunérés à environ 35 $ de l'heure, contre éventuellement quelques centaines de postes dans 10 ans, quand les nouveaux appareils devront faire l'objet d'une révision en profondeur.

«Philippe Couillard, après s'être fait rouler dans la farine par Bombardier, s'est maintenant fait rouler dans la farine par Air Canada», a-t-il ajouté.

Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a également déploré la décision du gouvernement du Québec, qu'il qualifie de «marchandage de bas étage».

«D'un côté, nous abandonnons 1700 emplois, de l'autre côté également, nous réduisons les effectifs de Bombardier ici, au Québec, de 2400 postes, en contrepartie d'une promesse vague, en 2019-2020, d'un centre d'entretien de la série C, alors que la même entreprise qui fait cette promesse n'a pas respecté la loi à laquelle elle était assujettie», a-t-il dit.

En 2004, Air Canada avait vendu sa division des services techniques qui a été revendue en 2007 à un consortium d'investisseurs privés.

L'entreprise, Aveos, a fermé après la décision d'Air Canada de confier l'entretien de ses appareils à un concurrent.

La plupart des employés d'Aveos étaient d'anciens membres du personnel d'Air Canada.

Devant cette décision d'Air Canada, le gouvernement du Québec avait entamé un recours judiciaire pour faire valoir ses arguments s'appuyant sur la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada.