Le Parti québécois accuse le gouvernement libéral de Philippe Couillard d'avoir coupé les ailes à une série de mesures qui devaient être mises en place il y a deux ans pour lutter plus efficacement contre l'exploitation sexuelle juvénile.

Bien que le phénomène ne soit ni nouveau ni en croissance, il s'est retrouvé au centre des préoccupations sociales québécoises récemment à la suite d'une série de dossiers de fugue fortement médiatisés.

Or le PQ note que le gouvernement Couillard a reçu un rapport et des recommandations précisément sur ce sujet peu après son arrivée au pouvoir en avril 2014, sans y donner suite. Ce rapport était le fruit des travaux d'un comité interministériel auxquels avaient participé plus de 260 groupes - dont les policiers de Montréal - entre septembre 2013 et février 2014.

«Ce qu'on reproche au gouvernement libéral c'est d'avoir cassé un élan», s'est indigné le député de Rosemont et porte-parole de l'opposition en matière de protection de la jeunesse, Jean-François Lisée, en conférence de presse lundi après-midi.

«Oui, les fugues sont dans les normes, mais cette norme elle est inacceptable. (...) On était prêt à agir en 2014 et le gouvernement Couillard n'a pas agi. Il a cassé l'élan de la société québécoise pour faire reculer ces fugues et ces vies brisées», a-t-il insisté.

Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Marc Parent, avait demandé en juin 2014 à Québec de lui allouer des sommes additionnelles pour réaliser un plan d'intervention spécifiquement destiné à la lutte contre l'exploitation sexuelle. Ce plan prévoyait la création d'une «escouade métropolitaine mixte» (EMM), d'un Centre intégré pour les victimes d'exploitation sexuelle et un soutien additionnel à l'équipe de soutien aux urgences psychosociales.

Ces demandes ont été rejetées par Québec.

«Le gouvernement Couillard a dit non pour des raisons strictement budgétaires et donc, le SPVM n'a pas eu les moyens qu'il considérait essentiels», a déploré M. Lisée.

«Le gouvernement a perdu deux ans. Combien de jeunes filles ont été échappées aux mains des gangs de rue et des proxénètes parce que le gouvernement a, pendant deux ans, refusé les moyens demandés par le service de police?»

M. Lisée, qui était accompagné de sa collègue d'Hochelaga-Maisonneuve et porte-parole en matière de condition féminine, Carole Poirier, a également dénoncé la décision du gouvernement de réduire de 20 millions $ le budget des centres jeunesse, une décision qui avait fait grand bruit.

«Les directeurs régionaux des centres jeunesse ont fait une sortie très, très rare à l'époque pour dire que c'était vraiment la coupure de trop, qu'ils craignaient pour leur capacité de bien faire leur travail et, depuis, ils ont été muselés puisque leur association a été dissoute par le gouvernement avec la réforme Barrette (projet de loi 10 visant la réforme des structures du réseau de la santé et des services sociaux)», a-t-il dit.

Pour couronner le tout, il note que Québec a également amputé de 20 pour cent les sommes versées aux organismes communautaires qui tentent de contrer l'influence des gangs de rue sur le terrain.

De son côté, Mme Poirier a également déploré la lenteur d'Ottawa à légiférer en matière de prostitution, rappelant qu'il ne faut pas s'attaquer uniquement à l'offre, mais aussi à la demande.

«La pornographie juvénile, la prostitution juvénile, il faut que ça arrête», a-t-elle affirmé.

«Il y a une impunité qui est donnée actuellement entre autres aux clients. Si on a des petites filles qui sont dans la rue et qui sont demandées, c'est qu'il y a des clients qui demandent de la 'chair fraîche', qui demandent des jeunes filles et c'est ça qu'il faut dénoncer entre autres», a fait valoir la députée.

M. Lisée et Mme Poirier ont réclamé la publication immédiate du rapport d'avril 2014 que le gouvernement Couillard n'a jamais dévoilé, l'octroi de moyens au SPVM pour la réalisation de son plan d'intervention et le rétablissement du financement des centres jeunesse et des organismes communautaires impliqués dans la lutte contre l'influence des gangs de rue.