Ce n'est pas tous les jours qu'un péquiste encense une ministre libérale. C'est pourtant ce qui est arrivé, hier, après la nomination de Rita de Santis comme ministre responsable de l'Accès à l'information et de la Réforme des institutions démocratiques. Et ce n'est nul autre que Lucien Bouchard qui lui a lancé des fleurs.

En entrevue à La Presse, M. Bouchard a dit à la blague qu'il était surpris que la députée de Bourassa-Sauvé n'ait pas été nommée ministre plus tôt. Après son départ de la vie politique, il a travaillé à ses côtés pendant plus de 10 ans au sein du cabinet d'avocats Davies Ward Phillips & Vineberg. Ils ont piloté plusieurs dossiers ensemble.

« C'est une personne de solutions, a indiqué M. Bouchard. Dans les négociations commerciales, parfois il y a des blocages. De chaque côté, les gens veulent tenir leur bout. Rita, c'est quelqu'un qui est capable de bouleverser l'équilibre des discussions et d'arriver avec une solution à laquelle on n'avait pas pensé. »

M. Bouchard s'attend à une « belle contribution » de son ancienne collègue à la vie politique, même si son parcours en droit des sociétés ne semblait pas la destiner à ses nouvelles fonctions. Il croit que son passage à l'opposition et sur les banquettes d'arrière-ban l'a familiarisée avec les rouages de l'Assemblée nationale et avec le fonctionnement d'un caucus.

« Elle est extrêmement rigoureuse, elle est d'une grande intégrité professionnelle, elle est très engagée socialement, a dit M. Bouchard. C'est une personne qui a beaucoup de sensibilité pour les aspects sociaux, mais en même temps, elle connaît bien le milieu des affaires parce que c'est une avocate d'affaires. »

Inattendu

Alors que les rumeurs de remaniement ministériel faisaient rage, le nom de Rita de Santis est passé complètement sous le radar. La députée s'était surtout fait remarquer en arborant un crucifix très ostentatoire à l'Assemblée nationale, en novembre 2013, pour protester contre le projet de charte des valeurs du gouvernement Marois.

Mme de Santis a admis elle-même avoir été surprise par l'appel du premier ministre Philippe Couillard. Elle a célébré en savourant un verre de whisky avec son mari.

Née à Vasto, en Italie, elle s'était d'abord destinée à une carrière scientifique. Elle a commencé un doctorat en biochimie à l'Université de Toronto, avant de bifurquer vers le droit.

« Je dis toujours que la méthode scientifique aide à n'importe quoi que tu fais dans la vie, a confié Mme de Santis, hier. Tu ne peux pas tout connaître, mais il y a une façon de travailler pour que tu puisses te donner des objectifs et les atteindre. »

Comme avocate en droit des sociétés, elle s'est spécialisée dans le domaine des fusions et acquisitions. Mais pour son ancien patron, il était clair que le service public l'appelait. Pierre-André Themens n'a pas été surpris de la voir se lancer en politique en 2012 - au prix « d'immenses sacrifices financiers », précise-t-il.

« Qu'elle aille faire de la politique, je n'étais pas surpris parce que c'est une femme d'engagement, explique le directeur associé du cabinet Davies Ward Phillips & Vineberg. Il y a toujours eu des causes qui lui tenaient à coeur et elle avait des opinions sur un tas de choses. »

Rita De Santis en bref

• Née à Vasto (Italie) le 29 mai 1954

• Études de doctorat en biochimie

• Membre du Barreau du Québec (1981)

• Avocate au cabinet Davies Ward Phillips & Vineberg (1981-2012)

• Nommée au palmarès des 100 Canadiennes les plus influentes du Réseau des femmes exécutives en 2009

• Administratrice de la Banque de développement du Canada et de l'hôpital de St. Mary à Montréal

• Députée de Bourassa-Sauvé depuis 2012