La division de l'opposition contribue à placer les libéraux en position d'exercer un monopole sur le pouvoir pour les élections à venir, ont déclaré vendredi les chefs du Parti québécois et de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a répété son ambition de rassembler les forces souverainistes, tandis que le chef caquiste François Legault vise plutôt à coaliser les nationalistes.

En faisant un bilan des travaux parlementaires, ajournés vendredi jusqu'à février prochain, M. Legault a insisté sur la perspective que les libéraux remportent les élections de 2018, 2022 et 2026.

«S'il n'y a rien qui arrive, on va avoir un monopole libéral pour plusieurs années, a-t-il dit en conférence de presse. Donc, si on veut défendre les intérêts du Québec puis faire des gains pour le Québec, ça ne peut pas être le PQ, le véhicule.»

Selon le chef caquiste, son récent positionnement en faveur d'un nationalisme québécois au sein du Canada est l'alternative qui pourra défaire le gouvernement libéral.

M. Legault croit que le résultat des dernières élections fédérales démontre que l'option souverainiste est engagée sur une pente descendante qui aidera la CAQ.

«Une fois qu'on a vu qu'il y a un match qui a été gagné par ceux qui veulent rester à l'intérieur du Canada, qu'est-ce qu'on fait avec les nationalistes qui souhaitent que le Québec continue de progresser? C'est là que l'alternative de la CAQ est intéressante», a-t-il dit.

En revenant sur les dernières semaines, M. Péladeau a affirmé qu'il partage la lecture de M. Legault quant à la nécessité d'unir l'opposition pour défaire les libéraux.

«Oui, je partage son appréciation, effectivement, a-t-il dit. Et c'est le travail dans lequel je me suis engagé, nous nous sommes engagés.»

Évoquant des préoccupations communes avec la CAQ, M. Péladeau a expliqué que le cadre fédéral est cependant trop limité pour le Québec.

«Je pense que dans son parti il y a de très nombreux nationalistes et qui partagent cette volonté de continuer à nous enrichir», a-t-il dit.

Alors que des perspectives d'alliances électorales avec Québec solidaire, un autre parti souverainiste, sont évoquées régulièrement, le député Amir Khadir a invité le PQ à se positionner en faveur d'un mode de scrutin proportionnel.

«Les alliances entre partis sont le propre d'un régime dans lequel il y a des scrutins proportionnels, a-t-il dit en faisant un bilan de session. Ce qui rend difficile toute entente électorale, entre guillemets, c'est le système actuel.»

À ses côtés, la députée de Québec solidaire Françoise David a mis des limites à la collaboration possible entre partis souverainistes.

«Convergence non, et surtout pas dissolution de Québec solidaire dans le Parti québécois, a-t-elle dit. Mais dialogue, oui, toujours.»

M. Legault a estimé que le changement de conjoncture politique qu'il attend depuis la fondation de la CAQ pourrait bientôt se matérialiser.

«Quand j'ai quitté le PQ, il y a cinq ans, j'étais peut-être avant mon temps, de penser que ça s'en venait, mais je crois que ça s'en vient plus que jamais, le déclin du PQ», a-t-il dit.

Selon le chef caquiste, l'engagement de M. Péladeau envers la souveraineté facilite la tâche du premier ministre Philippe Couillard.

«On a un Parti libéral qui est sans ambition, qui est plus arrogant que jamais», a-t-il dit.

M. Legault a répété que son parti a souffert d'un manque de visibilité en raison de la course à la direction du Parti québécois et de la dernière élection fédérale.

Par ailleurs, M. Péladeau a minimisé les tensions suscitées par les changements qu'il apportés à l'aile parlementaire péquiste depuis son élection comme chef.

«Des tensions, il y en a toujours, il y en aura toujours et ça fait partie de la vie, a-t-il dit. Maintenant, est-ce que nous avons des débats et je pense que le PQ se caractérise, tout comme le caucus, et c'est ça qui est intéressant. Nous ne sommes pas monolithiques, comme éventuellement on pourrait considérer le Parti libéral.»