La ministre de la Famille, Francine Charbonneau, dit non aux associations de garderies qui demandent la création d'une «véritable table de négociation» sur la réforme du financement. Elle est prête à «discuter» et à «échanger» avec elles sur les compressions de 120 millions, mais il n'est pas question de négocier.

«Je ne négocie pas, parce qu'en ce moment on n'est pas dans une période de négociation, on est dans une période d'échange», a affirmé Mme Charbonneau lors de la période des questions à l'Assemblée nationale mercredi. Elle a réitéré son message devant la presse parlementaire : «Je ne suis pas en négociation, je suis en discussion».

Quelques instants plus tôt, en compagnie des députés Sylvain Pagé (PQ) et Françoise David (QS), les quatre associations de CPE et des garderies privées subventionnées ont fait une sortie publique pour demander une « véritable table de négociation». Les discussions actuelles avec le Ministère de la Famille sont une « mascarade » et ne servent qu'à présenter la réforme en préparation. « C'est une discussion à sens unique », résume-t-on. La huitième et dernière rencontre entre les associations et le Ministère se tiendra jeudi. La Presse a présenté le scénario du gouvernement au cours des derniers jours.

Les associations demandent à la ministre de reculer sur les compressions qui atteindraient selon elles 320 millions, et non 120 millions comme le dit le gouvernement. Le directeur général de l'AQCPE, Louis Senécal, se dit «conscients qu'il y a besoin de modernisation en termes de financement» et qu'une «optimisation» est possible. Mais les économies générées devraient être réinvesties en totalité dans le réseau, selon lui.

Les associations accusent le gouvernement de vouloir «étouffer» le réseau. Sa réforme provoquerait des fermetures des garderies, selon elles. Elles croient que le gouvernement cherche à favoriser les services de garde non subventionnés, où le nombre de places est passé de 4700 en 2008 à 54 000 aujourd'hui. La bonification du crédit d'impôt pour frais de garde survenue au cours des dernières années et, plus récemment, la modulation du tarif selon le revenu familial dans le réseau subventionné ont causé cette progression, estiment les associations. Il y a 91 000 places dans les CPE et 46 000 dans les garderies privées subventionnées. Les services de garde en milieu familial, subventionnés eux aussi, en comptent près de 92 000.

Francine Charbonneau a défendu l'idée que le financement des CPE et des garderies privées subventionnées soit désormais basé en fonction du «tiers performant», les services de garde qui ont les dépenses les plus basses et qui coûtent donc moins cher au gouvernement. Selon elles, les garderies qui font partie du tiers performant «réussissent mieux administrativement, collectivement, dans tout ce qu'ils offrent comme service».

«Quand on parle du tiers performant, ça peut inquiéter. Mais en même temps, pourquoi il y a des CPE qui fonctionnent très très bien, qui arrivent très très bien, qui ont des surplus, et d'autres qui ont de la difficulté, qui n'arrivent pas et qui, à la fin du mois et de l'année, se demandent s'ils sont capables de survivre une autre année ?» s'est-elle demandé. La ministre a fait valoir que les modalités de financement du réseau n'ont pas été revues au cours des 18 dernières années. Elle a rencontré brièvement les dirigeants des quatre associations avant de répondre à quelques questions des journalistes au cours d'une mêlée de presse de trois minutes.