Groupes communautaires, syndicats, militants anticapitalistes, enseignants et simples citoyens : environ 1500 opposants aux politiques d'austérité du gouvernement Couillard ont manifesté samedi après-midi dans des quartiers populaires de la métropole. Au rythme de slogans contre Martin Coiteux, les riches et l'austérité, les protestataires ont réclamé la fin des compressions budgétaires et un meilleur financement des services publics.

Le trajet inusité de cette manifestation organisée par la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, la Coalition Main rouge, n'était pas « anodin ». Partis vers 13 h 30 du parc Jarry, dans le quartier Villeray, les manifestants ont bifurqué sur l'avenue Querbes en plein coeur du quartier multiethnique de Parc-Extension, un des plus pauvres au pays.

La manifestation s'est ensuite conclue symboliquement devant un centre commercial de Ville Mont-Royal, une riche enclave anglophone au centre de l'île. « Il y a une clôture qui sépare les deux quartiers. C'est un symbole fort des inégalités sociales. On ne veut pas un projet de société où les inégalités sociales sont grandissantes comme dans d'autres sociétés où des clôtures séparent les quartiers pauvres et riches », affirme Véronique Laflamme, porte-parole de la Coalition Main rouge.

La coalition, qui réunit des dizaines d'organismes de tout horizon, s'oppose au « projet de saccage des services publics et des programmes sociaux » et milite pour une série de mesures fiscales comme l'instauration d'une taxe sur le capital pour les banques et l'augmentation de l'impôt des grandes entreprises.

Enseignants, éducatrices en garderie, cols bleus, pompiers : des travailleurs touchés par les compressions budgétaires étaient nombreux dans la foule. Karine Boulianne, une éducatrice dans un CPE montréalais, portait son bambin sur le dos tout en empoignant d'une main une pancarte. « Je pense que ça va tuer les CPE », s'insurge-t-elle.

Fabienne Nolet, une enseignante au primaire à LaSalle constate l'impact des coupes d'en année en année. Cette fois-ci, la hausse des ratios d'élèves risque de faire très mal, dénonce-t-elle. Un confrère d'une école secondaire de Saint-Eustache, Marc St-Pierre, critique les coupes du gouvernement en éducation. « Je trouve que le gouvernement ne met pas ses priorités à la bonne place. On coupe dans les services aux élèves en difficulté, ce qui accentue leur vulnérabilité », dit-il.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir partage l'« indignation » des manifestants et dénonce « l'indécence de couper dans les services publics quand on donne autant de cadeaux au 1 % les plus riches ». Le député de Mercier ne mâche pas ses mots à l'endroit du gouvernement libéral qu'il accuse de partager l'idéologie de Stephen Harper. « C'est une visée idéologique. Les libéraux au Québec usent de politiques conservatrices économiques pour détruire l'État social qu'on a construit sur 40 ans au Québec. »

Le député péquiste Sylvain Pagé croit que le gouvernement « met littéralement en cause l'avenir des prochaines générations » avec ses compressions dans les CPE et les garderies subventionnées. « Il faut protéger ce réseau public et accessible à tous », lance le porte-parole de l'opposition officielle en matière de famille.

À la toute fin de la manifestation, les esprits se sont échauffés quand un groupe de trouble-fêtes s'est massé contre des policiers devant une succursale d'une banque. Une jeune femme appuyée sur le vélo d'un policier s'est alors fait repousser prestement par un agent. Dans la confusion, un policier a repoussé la foule en la menaçant avec une bonbonne de gaz irritant.