Alors que quelques milliers de syndiqués du front commun ont manifesté, mardi au centre-ville de Montréal, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, les a prévenus qu'il attendait d'eux une contre-proposition proche de celle qu'il a déjà déposée au plan monétaire.

Le front commun, qui représente 400 000 des 500 000 employés de l'État, a annoncé qu'il déposerait mercredi une contre-proposition à la dernière offre gouvernementale.

Le ministre Coiteux a dit espérer que cette contre-proposition allait être «sérieuse, raisonnable et conforme à la capacité de payer des Québécois».

La dernière offre gouvernementale modifiait l'ordre des deux années de gel salarial et des trois années d'augmentations proposées de 1% sur cinq ans, de façon à ce qu'une augmentation de 1% soit versée plus tôt.

De plus, Québec ajoutait 550 millions de dollars au chapitre de la relativité salariale afin de rehausser les échelles de salaire de milliers d'employés. De même, il étalait le report de 60 à 62 ans de l'âge auquel il sera possible de prendre sa retraite sans pénalité. Il avait également retiré sa demande de calculer la rente de retraite sur les huit meilleures années plutôt que sur les cinq meilleures années.

Cette offre avait toutefois été rejetée le jour même, tant par les syndicats du front commun du secteur public que par les autres organisations syndicales.

Le mouvement de grève tournante du front commun s'est donc poursuivi. Lundi et mardi, c'était au tour des régions de Montréal et Laval de débrayer, soit plus de 114 000 employés de l'État.

Ils ont donc été quelques milliers à marcher de la Place du Canada au Square Victoria, à Montréal mardi avant-midi.

«On a fait le tour du Québec, que ce soit en Gaspésie, au Saguenay, à Montréal ou en Outaouais, en Abitibi, peu importe, le niveau de mobilisation est très fort; je dirais même qu'il est historique. Je pense qu'on n'a pas vu ça depuis les années 1970 au Québec», a lancé le président de la CSN, Jacques Létourneau, au départ de la marche.

Les automobilistes et camionneurs qui passaient ont été aussi nombreux à klaxonner en signe d'appui, de même que bien des passants qui levaient le pouce en l'air. Et cela n'a pas toujours été le cas lors des grèves ou manifestations du secteur public au cours des dernières années.

«Je pense que c'est un peu la combinaison de nos revendications salariales, mais aussi le ras-le-bol généralisé des travailleurs, qui vivent réforme par-dessus réforme - on leur demande toujours d'en faire plus avec moins - et honnêtement, un niveau de mobilisation qui est aussi à la hauteur, synonyme d'une sympathie de la population, qui se manifeste partout sur les lignes de piquetage, -a opiné M. Létourneau. Il y a un sentiment dans l'opinion publique de sympathie à l'endroit des travailleurs du secteur public, ce qui est une très bonne nouvelle pour nous, mais qui en est une moins bonne pour le gouvernement.»

À ses côtés, Daniel Boyer, président de la FTQ, a prévenu que le front commun, dans sa contre-proposition, veillerait à demander des augmentations de salaire et non des gels. «On ne veut pas l'appauvrissement de nos membres et c'est ce que M. Coiteux propose depuis le début de cette négociation-là», a-t-il argué, précisant qu'il demanderait un «rattrapage» salarial pour ses membres.

Au départ, le front commun demandait 4,5% d'augmentation par année pendant trois ans.

Mais le ministre Coiteux a dit s'attendre à une contre-proposition qui «se rapproche des paramètres de négociation qu'on a mis sur la table». Or, Québec offre deux années de gel et trois années avec des augmentations limitées à 1%. De plus, il tient à ce que la contre-proposition syndicale inclue des concessions quant au régime de retraite.

Si les négociations ne portent pas fruit, le front commun prévoit exercer les autres moyens de pression prévus à son mandat de grève, soit une grève générale les 1er, 2 et 3 décembre. Et la session parlementaire à Québec doit prendre fin le 4 décembre.