Le Parti québécois a réclamé la démission de la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, mardi, en raison de son «manque de jugement» et de son «comportement erratique» depuis la mise à jour d'allégations d'agression sexuelle et d'abus de pouvoir commis par des policiers de la Sûreté du Québec.

Pour le député péquiste Bernard Drainville, Mme Thériault n'a plus l'autorité pour rester en poste.

«La ministre de la Sécurité publique et vice-première ministre a fait preuve d'un manque de jugement, d'un comportement erratique et d'un comportement indigne de ses fonctions, a-t-il affirmé. Par conséquent, on dit qu'elle doit démissionner.»

Si la ministre refuse de céder sa place, dit-il, c'est au premier ministre Philippe Couillard de la destituer.

Mme Thériault a réagi avec émotion à un reportage de Radio-Canada rapportant des témoignages d'autochtones qui disent avoir été victimes du comportement de certains policiers de la SQ à Val d'Or.

Mais ses larmes n'ont pas ému les partis de l'opposition, qui notent que la ministre a été mise au courant des cas allégués dès la mi-mai. Or, ce n'est que la semaine dernière qu'elle a annoncé la suspension de huit policiers et le transfert de l'enquête interne de la SQ au Service de police de la Ville de Montréal.

Bernard Drainville doute que l'enquête du SPVM permette d'aller au fond des choses. Car comme c'était le cas avec l'enquête initiale de la SQ, des policiers se trouvent à enquêter sur des policiers.

Le député presse le gouvernement libéral de confier le dossier au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), un organisme dont l'ouverture officielle n'est prévue que l'an prochain.

La députée de Québec solidaire, Manon Massé, estime que Québec doit plutôt s'attaquer au problème «de fond», à savoir la relation tendue entre autochtones et non-autochtones. La députée presse le gouvernement Couillard d'instituer un comité spécial pour réconcilier les deux nations.

 «Si vous côtoyez un tant soit peu les autochtones, ce que je fais depuis plusieurs années, le racisme est là au Québec, les préjugés sont nourris au Québec, a dit Mme Massé. Mais les défis sont importants: (...) il n'y a pas un quart des Québécois qui voudraient vivre ce que vivent ces gens en matière de logement, de pauvreté, de violence, de ce qui se passe sur leur territoire et à l'extérieur de leur territoire.»

Crise à Val d'Or

Aucun des policiers du poste 144 de Val-d'Or ne s'est rendu au travail en fin de semaine, dans la foulée de la suspension de leurs collègues. Ils se seraient sentis abandonnés par leur employeur, et craindraient la suspicion de la population à leur égard.

La haute direction de la SQ a annoncé lundi soir que les voitures de patrouille de Val d'Or seront munies de caméras vidéo afin de capter les interventions des policiers. Les agents seront par ailleurs accompagnés de travailleurs sociaux afin de faciliter leurs interventions auprès des autochtones.

Le directeur de la SQ, Martin Prud'homme, a nié l'existence d'une «crise» à Val d'Or mardi.