Philippe Couillard a dit mardi faire «totalement» confiance à son ministre de l'Environnement, David Heurtel, dont l'opposition réclame la destitution pour avoir autorisé la Ville de Montréal à déverser 8 milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent.

«M. Heurtel a très bien travaillé depuis un an sur ce dossier», a déclaré le premier ministre avant de rencontrer ses députés mardi.

Le maire Denis Coderre et le ministre de l'Environnement ont toujours maintenu que toutes les options ont été soupesées et que la fermeture complète de la canalisation est la seule issue possible. Québec a analysé les impacts du déversement et conclu que ses effets seront «acceptables».

Pour le premier ministre, la solution retenue par la Ville est «la moins pire des solutions».

«C'est désagréable, ce n'est pas idéal, mais je pense que c'est ce qu'il faut faire», a convenu M. Couillard mardi.

Les partis de l'opposition s'insurgent depuis des jours du feu vert de Québec à l'évacuation d'un intercepteur qui dessert six arrondissements de Montréal. L'opération permettra de déplacer une chute à neige située sous l'autoroute Bonaventure et d'entretenir la conduite, dont le diamètre atteint 5,4 mètres par endroits.

La Coalition avenir Québec a augmenté la pression d'un cran, mardi, en réclamant carrément la tête du ministre Heurtel.

Le parti affirme que sa décision « irresponsable » dans le dossier des eaux usées constitue la troisième fois qu'il faillit à sa tâche. Il a d'abord autorisé des forages au large de Cacouna malgré les risques pour les bélugas. Il a aussi donné son feu vert à la cimenterie McInnis, en Gaspésie, qui fera augmenter de 6% les émissions de gaz à effet de serre du Québec.

«M. Couillard doit demander la démission du ministre Heurtel, a déclaré François Legault. Il n'a plus la crédibilité pour être capable de défendre l'environnement.»

Le Parti québécois avait aussi réclamé la démission du ministre Heurtel en juin.

La semaine dernière, il a appelé le gouvernement Couillard à ordonner la suspension du déversement à Montréal le temps d'étudier toutes les autres options.

«La lumière doit être faite, nous devons prendre le temps nécessaire pour déterminer l'impact de tout cela», a affirmé le chef péquiste, Pierre Karl Péladeau.

Le déversement des eaux usées dans le fleuve a provoqué une levée de boucliers dans plusieurs municipalités situées le long du fleuve. Celles-ci craignent pour leur approvisionnement en eau potable.

Une sénatrice de l'État de New York a aussi dénoncé l'opération, qui a défrayé la chronique dans les médias aux États-Unis et même dans le Paris Match.

Le gouvernement fédéral analyse toujours le dossier. Le lieutenant de Stephen Harper au Québec, Denis Lebel, s'est dit «très préoccupé» par le projet de la Ville de Montréal.