Le premier ministre Philippe Couillard perd un troisième député en un peu plus d'un mois. Robert Dutil a annoncé mardi qu'il quitte la vie politique. Il redevient vice-président de l'entreprise familiale Canam-Ponts, poste qu'il occupait avant de faire son retour en politique en 2008.

« Ils m'ont demandé de revenir donner un coup de main » parce que la croissance de l'entreprise est « exceptionnelle », a expliqué M. Dutil, 65 ans. « J'ai fait un choix. J'ai décidé qu'il y a avait une certaine urgence là-bas. » Selon lui, cette situation n'était pas prévisible au moment des élections générales d'avril 2014. L'offre lui a été faite la fin de semaine dernière.

Robert Dutil a travaillé pour le groupe Canam de 2002 à 2008, une entreprise fondée par son frère Marcel Dutil. La société Canam-Ponts est dirigée par le fils de ce dernier, Marc Dutil.

Le départ de Robert Dutil est immédiat, puisqu'il occupera ses nouvelles fonctions à compter du 28 septembre. Il touchera son allocation de transition, mieux connue sous l'expression d'indemnité de départ (environ 150 000$). Il la versera toutefois en entier à un organisme, la Maison Catherine de Longpré, qui dispense des soins palliatifs. Il lui remettra aussi les avantages fiscaux qui découleront de ce don. Robert Dutil affirme qu'il a le droit de toucher l'allocation même s'il n'y pas de véritable « transition » puisqu'il travaillera dès lundi prochain. « Ça briserait l'esprit (de la loi), mais ça ne brise pas la loi. Actuellement, la loi me permet de la prendre, et j'ai décidé que j'en ferais bénéficier un organisme très important dans mon comté », a-t-il dit.

Après avoir été député de Beauce-Sud de 1985 à 1994, Robert Dutil a fait un retour en politique en 2008. Sous Jean Charest, il a été ministre du Revenu puis de la Sécurité publique. Philippe Couillard ne l'a pas nommé au sein de son cabinet ministériel. Robert Dutil soutient que son départ n'est pas lié à cette décision du premier ministre.

Pour Philippe Couillard, cet autre départ ne traduit pas un malaise dans les rangs libéraux. « Il faut voir le fait que les vies ne sont pas toujours des trajets rectilignes. Il y a des occasions différentes qui se présentent, et il y a des défis auxquels il faut répondre », a-t-il affirmé aux côtés de son député démissionnaire, avant une réunion du caucus libéral. Il a dit comprendre la décision de M. Dutil de retourner chez Canam. Il a salué son choix de verser son indemnité à « une très bonne cause ».

L'opposition réclame la fin immédiate des indemnités de départ pour les députés qui démissionnent en cours de mandat - sauf pour des cas exceptionnels. Selon Philippe Couillard, cet enjeu doit être « réglé correctement ». Il entend déposer un projet de loi « complet », portant sur l'abolition de ces indemnités, mais aussi la rémunération globale des élus. L'opposition l'accuse de tergiverser. « Il y a de nombreuses questions qu'il faut résoudre, et on ne fera pas ça en faisant de la petite politique et de la démagogie », a plaidé M. Couillard.

Les libéraux Marguerite Blais (Saint-Henri-Sainte-Anne) et Gilles Ouimet (Fabre) ont annoncé leur démission en août. Avec le départ du péquiste Marjolain Dufour (René-Lévesque) pour des raisons de santé, Philippe Couillard devra déclencher quatre élections partielles d'ici six mois. Il y en a déjà eu quatre autres depuis les élections générales d'avril 2014 en raison des démissions d'Élaine Zakaïb (Richelieu), de Christian Dubé (Lévis), d'Yves Bolduc (Jean-Talon) et de Gérard Deltell (Chauveau).

Chaque élection complémentaire coûte entre 500 000 $ et 600 000  $.