Une semaine après le que directeur de la Santé publique de Montréal eut tiré la sonnette d'alarme au sujet du manque de logements abordables et salubres dans la métropole, le Parti québécois a exigé, dimanche, du gouvernement une intervention d'urgence pour mettre fin à cette «crise aiguë».

Dans son rapport publié la semaine dernière, le Dr Richard Massé, directeur de santé publique de Montréal, révélait que près de 30% des ménages montréalais étaient aux prises avec au moins un problème d'insalubrité dans leur logement, en 2014. De plus, au moins 50 000 familles montréalaises n'ont pas pu manger à leur faim, car elles doivent consacrer plus de 30% de leur revenu pour payer leur loyer.

Le Parti québécois, qui qualifie ce rapport «d'accablant», a accusé le gouvernement provincial d'en être le grand responsable en raison notamment des compressions dans les programmes d'accessibilité aux logements.

La députée d'Hochelaga-Maisonneuve Carole Poirier, qui était accompagnée de son collègue Jean-François Lisée devant l'immeuble en construction de la Coopérative d'habitation Petits et Grands dans l'est de Montréal, a cité en exemple le programme accès logis. Depuis 2014-2015, la construction de 3000 logements sociaux ou communautaires a été annoncée, contre 1500 en 2015-2016. 

«Le gouvernement a décidé de couper ça de moitié [...] on demande un réinvestissement important», a insisté Mme Poirier. «Il faut garantir à Montréal 1250 unités de logement au coût de 2012.»

Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui ne participait pas au point de presse demande de son côté que le gouvernement s'engage à construire 4500 logements chaque année pendant 5 ans. 

Catherine Poulin, attachée de presse du ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire Pierre Moreau, explique qu'il y a actuellement 6000 logements autorisés et financés à construire, et évoque un certain retard dans les constructions (back-log). «Plutôt que d'en ajouter 3000 autres, on en a financé 1500 autres, et on a ajouté 123 millions $ pour financer plus de suppléments au loyer», explique-t-elle. En tout, 5800 unités de logement sur les cinq prochaines années seront plus accessibles pour des ménages qui peinent à payer leur logement.

Joint au téléphone par La Presse, le porte-parole du FRAPRU François Saillant souligne que certains programmes qui auraient pu accélérer ces constructions n'ont pas été reconduits en raison des compressions. 

«Quand tu veux tuer ton chien, tu dis qu'il a la rage», illustre-t-il.

Dans le dernier budget Leitao, Québec a notamment cessé de financer le programme Rénovation Québec, ce qu'a d'ailleurs déploré la députée Carole Poirier. «Il a totalement éliminé le programme rénovation Québec qui permettait de faire la rénovation de logements, ce dont on a besoin pour venir à bout des logements insalubres.» 

Le PQ demande au gouvernement provincial d'investir 8 millions $ dans ce programme. Les députés du PQ ont aussi critiqué la fin du programme d'aide à la réhabilitation de terrains contaminés ClimatSol. 

À la sortie du rapport du DSP, le maire de Montréal Denis Coderre a pour sa part critiqué le gouvernement fédéral pour son manque d'action. Questionné sur ce sujet, le député Lisée a reconnu qu'Ottawa avait aussi sa part de responsabilité pour ce qu'il nomme un «désengagement».

Ottawa de son côté se défend de rester les bras croisés. «Dans l'ensemble, le gouvernement dépensera plus de 2,3 milliards de dollars par année au cours des quatre prochaines années pour veiller à ce que les Canadiens démunis aient accès à un logement abordable, sain et convenable», a répliqué la porte-parole du parti conservateur Catherine Loubier. 

«Notre gouvernement conservateur a également investi un milliard de dollars par année pour des prêts à faibles coûts de la Société canadienne d'hypothèques et de logement. De plus, l'entente sur le logement abordable a été prolongée en juillet dernier par le ministre conservateur Denis Lebel et elle permet au gouvernement du Québec d'établir ses priorités sur tout le territoire.» 

Le maire réclame aussi davantage de pouvoirs. La Ville veut par exemple saisir les immeubles insalubres. Le gouvernement se dit ouvert à discuter de la question des pouvoirs dans le cadre du projet de loi visant reconnaître son statut de métropole qui est prévu pour 2016.

Le maire n'a pas rappelé La Presse.