Le premier ministre Philippe Couillard perd un deuxième député en une semaine. Après Marguerite Blais, Gilles Ouimet tire un trait sur sa carrière politique, amorcée il y a à peine trois ans.

Le député de Fabre a confirmé sa démission lors d'un entretien avec La Presse ce week-end, à son retour d'un voyage aux États-Unis.

M. Ouimet avait l'intention d'annoncer son départ juste avant la fête du Travail. Mais les rumeurs l'entourant ont chamboulé son plan.

Deux facteurs expliquent sa démission, tous liés à la recherche de l'équilibre entre les responsabilités familiales et professionnelles.

Depuis son saut en politique, en 2012, Gilles Ouimet a eu deux enfants - il en a trois autres, plus âgés. Il aurait pu envisager de rester en politique si le « défi professionnel » avait été plus important. L'ex-bâtonnier du Québec (2010-2011) souhaitait un poste de ministre. Or, Philippe Couillard a éloigné le scénario de remaniement au sein de son cabinet.

Son choix cause passablement de remous : Marguerite Blais affirmait elle aussi que le refus de M. Couillard de la nommer ministre a pesé lourd dans sa décision.

Un libre-penseur et un réformateur

Gilles Ouimet, 53 ans, était perçu à l'Assemblée nationale comme un libre-penseur et un réformateur. Récemment, l'avocat n'a pas hésité à commenter la crise qui secoue le Barreau du Québec, alors que le gouvernement demeure plutôt silencieux sur le sujet.

« Si les administrateurs et la bâtonnière avaient à coeur l'intérêt du Barreau, ils démissionneraient tous. Des élections au plus vite. #honte. », a écrit Gilles Ouimet sur Twitter.

M. Ouimet s'était également allié au péquiste Sylvain Pagé, au caquiste Benoît Charrette et à la solidaire Françoise David pour demander au président de l'Assemblée nationale Jacques Chagnon de prendre les moyens pour ramener le respect en Chambre et faire cesser le chahut.

Au moment où le débat faisait rage sur la « charte des valeurs » du gouvernement Marois, Gilles Ouimet avait présidé le comité chargé de définir la position du Parti libéral du Québec sur la neutralité de l'État et la lutte contre l'intégrisme religieux.

Avec les départs de Mme Blais et M. Ouimet, Philippe Couillard devra donc déclencher deux élections partielles d'ici six mois. La circonscription de Fabre, à Laval, est détenue par le Parti libéral depuis 2003. Elle était représentée auparavant par le péquiste Joseph Facal (1994-2003), puis par la libérale Michelle Courchesne (2003-2012). Lors des élections de 2012, Gilles Ouimet l'a emporté avec 37,5 % et une majorité de 3381 voix. Il a obtenu une victoire facile au scrutin de 2014 : 55 % et 12 816 votes de majorité.