Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a accusé vendredi une adversaire péquiste de faire du salissage en soutenant qu'il modifie le programme de procréation assistée pour favoriser une entreprise appartenant à la famille Desmarais, proche des libéraux.

M. Barrette a affirmé qu'il ignorait jusqu'à tout récemment l'existence d'IntegraMed, une entreprise du secteur de la fécondation in vitro (FIV) appartenant à une filiale du conglomérat Power Corporation, dirigé par des membres de la famille Desmarais.

Avant de reprendre l'étude du projet de loi 20 qui élimine la gratuité du programme de procréation assistée, à l'Assemblée nationale, M. Barrette a rejeté le rapprochement fait par la députée péquiste Diane Lamarre.

«Là, évidemment, Mme Lamarre décide de se lancer dans une démarche d'insinuations qui ne sont rien d'autre que du salissage», a-t-il dit aux journalistes.

Lors d'un point de presse qui a précédé, Mme Lamarre a laissé entendre que des liens entre le Parti libéral du Québec et la famille Desmarais pourraient expliquer des resserrements dans l'accès au programme de FIV.

Mme Lamarre s'est interrogée sur la véritable indépendance du ministre dans ce dossier, qui a été ardemment défendu il y a quelques années par l'animatrice Julie Snyder, épouse du chef péquiste Pierre Karl Péladeau.

«On fait souvent référence au fait qu'il y a des liens étroits entre certaines grandes familles du Québec et certains partis politiques, a-t-elle dit. Je pense que ça mérite d'être précisé dans ce cas-là parce que, de toute évidence, les liens entre la famille Desmarais et potentiellement le ministre dans sa décision... Moi, je pense que le ministre doit nous expliquer de quelle façon il a pris sa décision.»

La députée péquiste a souligné qu'IntegraMed, spécialisée dans l'offre de financement aux parents qui veulent recourir à la fécondation in vitro, a récemment fait l'acquisition d'un réseau de cliniques de procréation assistée au Québec, la société Procréa.

«Le lien entre IntegraMed, le groupe Sagard, Power Corporation, le groupe Desmarais, ça paraît très, très clair, a-t-elle dit. On apprend cet été qu'IntegraMed achète Procrea, qui est la principale organisation qui fait de la fécondation in vitro au Québec. Alors là, le ministre devrait en tout cas nous expliquer en quoi sa décision est complètement indépendante de cette nouvelle présence.»

Mme Lamarre a affirmé que le ministre est allé trop loin en réduisant l'accès aux remboursements par l'État des services de procréation assistée, ce qui permet au secteur privé de prendre plus de place pour offrir ces services.

«On demandait de mettre des balises, mais jamais de désassurer la fécondation in vitro», a-t-elle dit.

M. Barrette s'est défendu de désassurer la procréation assistée, en faisant valoir que des crédits d'impôt seront mis en place. Le ministre a rappelé que le secteur privé était déjà présent dans la FIV avant que les libéraux décident de la gratuité en 2010.

«À partir du moment où le financement n'est plus public, ça ramène la situation à une situation où il y avait ce genre de chose», a-t-il dit.

Mme Lamarre a également soutenu que M. Barrette a agi sournoisement concernant un amendement sur les frais accessoires qui a circulé après la fin de consultations publiques sur le projet de loi 20.

Mme Lamarre croit que la question des frais que les patients doivent payer aux médecins en clinique privée devrait faire l'objet d'un débat beaucoup plus large étant donné que cette pratique n'est autorisée nulle part ailleurs au Canada.

«Le fait que le ministre l'introduise en amendement, il n'y a aucun des groupes entendus en commission parlementaire qui a pu parler là-dessus et donner son avis, a-t-elle dit. C'est un sujet distinct du projet de loi 20 et le ministre essaie de l'introduire de façon très sournoise à l'intérieur du projet de loi 20.»

Le 18 juin, M. Barrette avait confirmé qu'il déterminera dans quels cas les médecins peuvent facturer des frais supplémentaires aux patients couverts par la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) qui visitent leur cabinet.

Cette décision a été dénoncée par l'opposition, qui voit là une façon de faire payer les patients pour des frais qui devraient être couverts par la RAMQ.

Dans un échange avec la presse parlementaire qui a précédé la reprise des travaux des députés sur le projet de loi, à l'Assemblée nationale, Mme Lamarre a dénoncé la façon de procéder du ministre.

M. Barrette n'a pas indiqué si le projet d'amendement sur les frais accessoires, qui a circulé en juin dernier, avait été modifié depuis.

«Il y a des choses qui ont circulé, que je n'ai pas fait circuler, a-t-il dit. (...) Je discuterai de ça lorsque je le déposerai formellement.»