La politique-cadre et la loi pour resserrer la gestion des projets informatiques adoptées il y a cinq ans n'ont pas permis de faire le ménage comme promis. Québec donne un autre « coup de barre » et fait miroiter « des centaines de millions » de dollars d'économies.

En conférence de presse vendredi, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a dévoilé sa « Stratégie gouvernementale en technologies de l'information ». Un projet de loi et un nouveau règlement seront déposés cet automne.

Selon la Stratégie, le suivi des projets informatiques sera resserré, la coordination des investissements sera centralisée, le recours à l'externe sera diminué, et il y aura embauche d'effectifs.

En 2010, Michelle Courchesne avait sensiblement les mêmes intentions avec sa politique-cadre et sa loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles au gouvernement.

« S'il avait été suffisant ce coup de barre de 2010, on ne parlerait pas en termes peu élogieux du secteur informatique au gouvernement du Québec, a affirmé M. Coiteux. C'est ma responsabilité d'aller encore plus loin. »

Michelle Courchesne avait promis des économies de 200 millions de dollars à terme. Martin Coiteux n'a pu dire si ces économies ont été réalisées. « Ce qu'on constate, c'est qu'il y a encore des dépassements de coûts » dans les projets informatiques, a-t-il affirmé. Et le recours à l'externe, « ça n'a pas baissé dans les dernières années », sauf depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement Couillard.

Au fil des ans, il y a eu une «décentralisation excessive» selon M. Coiteux. «Les budgets sont envoyés dans les ministères en début d'année, et ce n'est souvent qu'en fin d'année qu'on apprend comment cela a été dépensé et dans quels projets. Ce n'est pas normal.»

Martin Coiteux prévoit que le regroupement des 450 centres de traitement informatique du gouvernement permettra d'économiser au moins 100 millions de dollars à terme.

Il fera également passer d'une centaine à une trentaine le nombre de dirigeants sectoriels de l'information. « Il n'y a personne qui va perdre son emploi », a précisé M. Coiteux. Le gouvernement veut plutôt renforcer son expertise interne. Car « le recours aux ressources externes est devenu un choix trop systématique et parfois trop coûteux ». Québec procédera donc à des embauches, mais il n'a donné aucun chiffre. Martin Coiteux ne prévoit pas augmenter les salaires en vue d'attirer la main-d'oeuvre la plus qualifiée. « Les gens s'investissent dans une carrière quand ils ont de la passion. C'est très important la passion. Ne sous-estimons pas l'importance de la passion dans ce qu'on fait dans la vie ! » a-t-il lancé.

Les dépenses en technologie de l'information dépassent les trois milliards de dollars par année. Avec la Stratégie, « on ne parle pas de dizaines de millions, mais de centaines de millions » d'économies à venir, selon Martin Coiteux.