Aux 2000 délégués réunis en congrès jusqu'à ce midi, le premier ministre Couillard a fait une mise en garde: l'austérité n'est pas finie. Lors des élections partielles récentes, «les citoyens nous ont dit: "Vous faites ce qui doit être fait. Il faut continuer, et ne lâchez pas !"», a lancé M. Couillard, longuement applaudi. «Notre tâche n'est pas facile. Les résultats positifs commencent à se faire sentir. Soyons prudents, il reste encore du chemin à faire. L'économie du monde est encore agitée, instable», a-t-il prévenu.

Le congrès s'annonce sans nuages pour le PLQ. Dès l'ouverture, un sondage Léger Marketing révélait qu'en dépit des compressions budgétaires et de l'austérité, la satisfaction à l'endroit du gouvernement avait monté de façon marquée, de 31 à 38%, au cours du dernier mois. Aux portes du Palais des congrès, une centaine de manifestants du secteur public étaient toutefois venus demander au gouvernement de presser le pas dans les négociations.

Hier, à huis clos, les délégués ont longuement passé en revue la constitution de leur parti, qui compte actuellement 45 000 membres. En toute fin de journée, ils ont adopté une résolution généralisant la formule du « cran d'arrêt » adoptée pour la période d'austérité. Tous les ajouts de services devront se financer par une réduction des coûts équivalente ou par une tarification nouvelle. Pour Jérôme Turcotte, président de la commission politique du PLQ, les changements démographiques et l'allongement de l'espérance de vie feront bientôt peser une énorme pression sur les programmes d'assurance maladie et la Régie des rentes.

On comptait huit travailleurs contre un retraité en 1970, on en compte quatre aujourd'hui, il n'y en aura plus que deux en 2030. Demain, les militants devront se pencher sur des résolutions délicates. Pour assurer la pérennité du financement de l'assurance maladie, les militants demanderont au gouvernement d'engager une réflexion sur les coûts du régime, la facture de médicaments, l'étendue de la couverture d'assurance et, surtout, «la mise en place de modes de financement permettant de tenir compte de l'évolution du profil de risque de la population».

«Au Québec, trop souvent, nous avons repoussé à demain ce qui devait être fait dans le moment présent», a déclaré M. Couillard, mettant en matinée la table pour les décisions délicates qui devraient être prises ce matin.

Pour le ministre des Finances, Carlos Leitao, cette réflexion est nécessaire. Il est clair que les cotisations d'assurance maladie ne reflètent pas les coûts. « La façon dont les primes sont établies fait que ce n'est pas une vraie assurance. Si c'était une assurance privée, les primes seraient exorbitantes », a-t-il rappelé.

Autre mesure d'austérité au menu des délégués, aujourd'hui, la revue des barèmes de la Régie des rentes. Une résolution propose «l'augmentation graduelle de l'âge de la retraite pour les rentes de la RRQ compte tenu de l'évolution de l'espérance de vie». Actuellement, un retraité peut retirer des prestations de la RRQ dès qu'il atteint 60 ans, un seuil qu'on voudrait repousser le plus loin possible. On propose même que l'âge de la retraite soit revu régulièrement en fonction de l'espérance de vie - 79 ans pour les hommes, 84 ans pour les femmes au Québec.

Déjà, le dernier budget prévoyait des incitatifs. Ceux qui commencent à toucher leurs rentes avant 65 ans sont pénalisés ; inversement, ceux qui attendent au-delà voient leurs prestations majorées. «On va continuer dans cette direction pour inciter les gens à travailler plus longtemps», prévient le ministre.

Le prochain chef libéral élu au suffrage universel

Les régions et les jeunes pèseront lourd dans le choix du prochain chef du Parti libéral du Québec. À la demande expresse de Philippe Couillard, le PLQ a décidé samedi que son successeur serait choisi au suffrage universel des membres.

Toutefois, à la différence du Parti québécois, une formule de pondération sera mise sur pied pour assurer que toutes les circonscriptions aient le même poids, quel que soit le nombre de membres. En outre, les jeunes de moins de 25 ans auront une influence accrue. Ils représenteront le tiers des voix. «C'était une demande formelle de Philippe Couillard», a expliqué à La Presse le président du parti, Gilbert Grimard. En 2013, le PLQ avait été forcé de recourir à la formule désuète des assemblées de choix de délégués, une méthode qui sera révolue pour tous les partis désormais.