« Choqué » de voir des policiers du SPVM porter des pantalons de camouflage aux obsèques de Jacques Parizeau mardi, le premier ministre Philippe Couillard envisage de légiférer pour faire respecter le port de l'uniforme.

Sa ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, faisait d'ailleurs savoir à La Presse mardi que le moyen de pression utilisé par les policiers pour s'opposer à la loi 15 sur les régimes de retraite avait « assez duré » et que l'adoption d'une loi est envisagée. Le maire de Montréal Denis Coderre dit avoir demandé au premier ministre d'adopter une loi pour forcer les policiers à remiser leurs pantalons colorés et enfiler de nouveau leur uniforme régulier.

« C'est un manque de jugement et de respect qui m'apparaît regrettable », a affirmé M. Couillard lors d'une conférence de presse en compagnie de la Secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean. Des policiers n'ont pas eu « l'élémentaire sagesse » de mettre de côté leur moyen de pression, ce qu'ils avaient pourtant fait lors des funérailles de Jean Béliveau. Ils ont manqué de respect en la personne de Jacques Parizeau, mais aussi « envers la profession même d'agent de la paix ».

« On ne peut pas avoir une société où les agents de la paix se comportent de cette façon, a indiqué le premier ministre. Il me semble qu'on dénature quelque peu la profession et sa noblesse. Je crois que des actions risquent d'être nécessaires. »

Il a ajouté que Lise Thériault prépare ces « actions » qui pourraient prendre la forme d'un règlement ou d'une loi. Une annonce sera faite à l'automne.

Il trouve la situation d'autant plus « décevante » qu'il existe déjà un règlement sur l'uniforme de policier, « très strict et précis ». « Le malheur, c'est que tout est là. Les obligations des directeurs de police pour faire appliquer le règlement sont connues. Il me semble y avoir un laisser-aller regrettable », a-t-il dit. Il souhaite que les directeurs « assument leurs responsabilités », laissant entendre que les mesures en préparation toucheront entre autres cet enjeu. « On travaille là-dessus », a-t-il prévenu.

Pour l'instant, la question des uniformes est régie par des directives internes au sein de chaque corps de police. Lise Thériault rappelait à La Presse qu'il appartient donc à chaque direction locale de faire appliquer leur règlement de discipline interne.

L'automne dernier, La Presse révélait que les directeurs de police du Québec avaient écrit une lettre conjointe au ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau. Les chefs policiers réclamaient une loi qui interdirait une fois pour toutes aux policiers de ne pas revêtir leur uniforme en guise de moyen de pression.

Les policiers portant des pantalons de camouflage lors des obsèques de Jacques Parizeau l'ont fait en raison d'un malheureux concours de circonstances, selon le SPVM. Le commandant Ian Lafrenière soutient que la vaste majorité des effectifs autour et devant l'église portaient l'uniforme officiel.

- Avec Jasmin Lavoie