Devant un «blocage important» à la table de négociation, le front commun syndical des employés de l'État demande la médiation, passage obligé pour déclencher légalement la grève.

Le front commun prévoit des débrayages cet automne si les pourparlers piétinent toujours malgré l'intervention d'un médiateur.

Les leaders syndicaux sont plutôt pessimistes quant à la possibilité de s'entendre avec le gouvernement. Il n'y a eu jusqu'ici «aucune entente sur aucun point».

«Je suis habituellement très optimiste, mais pas cette fois-ci», a affirmé la présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Lucie Martineau, vendredi. «Sur les tables de négociation, tout ce qu'on voit, c'est des reculs. Il n'y a pas un point positif. Le fossé est quand même assez grand. J'espère qu'on va avoir une période de médiation qui va donner des résultats.»

Le président de la FTQ, Daniel Boyer, abonde: «Je suis un éternel optimiste, je pense que j'étais le seul qui pensait qu'il y avait un règlement possible. Mais depuis le dernier budget, la voie de passage est difficile.»

La vice-présidente de la CSN, Francine Lévesque, a déploré que les représentants patronaux refusent de discuter des enjeux salariaux. Ils demandent de régler d'abord des plaintes liées à l'équité salariale, une question qui ne relève pas de la négociation. Ils utilisent ce prétexte pour «freiner les négociations», selon Mme Lévesque.

Rappelons que le gouvernement offre des hausses salariales de 3% en cinq ans - dont deux ans de gel. Le front commun réclame 13,5% en trois ans.

Les syndicats consultent leurs membres pour obtenir des mandats de grève. Certains en ont déjà un. Le «ras-le-bol» des troupes est manifeste, selon Lucie Martineau.

«On utilise tous les moyens avant d'en arriver à l'exercice de faire une grève, parce qu'on sait que ça a des impacts qui sont très lourds, a dit Francine Lévesque. Ce n'est pas ça notre objectif, mais en même temps le gouvernement doit être conscient de la détermination de nos membres pour trouver des solutions.»

«Déclencher une grève, ça ne peut jamais être pris à la légère, a indiqué de son côté Daniel Boyer. On a aussi le souci que si on déclenche une grève, ça va peut-être donner des arguments au gouvernement pour décréter (les conditions de travail). On est capable d'analyser ça. Mais en même temps on pense qu'on a des revendications qui sont nécessaires pour le grand réseau public. On veut en discuter et convenir d'un règlement.»

Pour le gouvernement Couillard, la demande de médiation des syndicats fait partie du cours normal d'une négociation. «Le cadre légal prévoit une étape pour obtenir le droit de grève, et c'est normal qu'on franchisse cette étape», a dit le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux. La sortie du front commun ne l'ébranle pas. «Le cadre financer du gouvernement ne changera pas parce que les gens font une conférence de presse et disent qu'ils souhaitent davantage.»

Il a indiqué que les parties ont convenu «d'accélérer la cadence» aux tables de négociation. «Il va y avoir des négociations tout l'été. Il n'y aura pas de vacances pour la négociation», a affirmé M. Coiteux.