Un député du Parti québécois a sollicité l'avis du jurisconsulte Claude Bisson en avril, au moment où son parti lui reprochait de se trouver en conflit d'intérêts.En entrevue avec La Presse, Me Bisson a révélé qu'il a communiqué une opinion à un député péquiste quelques semaines après que sa formation politique l'eut accusé d'être en conflit d'intérêts.

« Ce que je peux vous dire, c'est que la dernière opinion qui m'a été demandée - et c'est assez récent, le 20 avril -, c'est un député de l'opposition officielle qui me l'a demandée », a déclaré Me Bisson.

Il n'a pas divulgué le nom de l'élu en question ni précisé la teneur de son avis.

Le jurisconsulte, conseiller juridique des élus de l'Assemblée nationale, a fait l'objet de critiques du PQ à plusieurs reprises depuis quelques semaines. L'affaire a débuté en mars, lorsque le leader parlementaire libéral Jean-Marc Fournier a rendu public un avis qu'il lui avait demandé sur les fiducies sans droit de regard.

L'opinion de Me Bisson était une tuile pour Pierre Karl Péladeau, qui allait devenir chef du PQ. Elle statuait que la fiducie dans laquelle il compte placer ses actions de Québecor ne respecterait pas les dispositions du code d'éthique s'il devenait ministre.

Le PQ a d'abord accusé Me Bisson d'être en conflit d'intérêts parce que son fils Alain a été congédié du Journal de Montréal dans la foulée du lock-out de 2010. Mercredi, M. Péladeau a laissé entendre qu'il ne lui faisait plus confiance en affirmant qu'il ne solliciterait pas son avis.

Le Jurisconsulte «instrumentalisé», selon Bédard



Puis, hier, le PQ a refusé d'appuyer la motion de la Coalition avenir Québec pour lui réitérer sa confiance. Le Parti libéral et Québec solidaire ont tous deux appuyé la motion.

La porte-parole du PQ Antonine Yaccarini a préféré ne pas commenter les révélations du jurisconsulte.

Plus tôt dans la journée, le leader parlementaire péquiste Stéphane Bédard a reproché à ses adversaires de se livrer à une « instrumentalisation politique » du jurisconsulte. Il a réitéré sa « déception » parce qu'un avis que M. Fournier a demandé à Me Bisson sur les fiducies sans droit de regard a été rendu public.

Il n'a toutefois pas été jusqu'à dire qu'il ne lui faisait plus confiance.

Me Bisson a affirmé qu'il n'était « pas question » qu'il remette sa démission, malgré les assauts péquistes.

Le Parti libéral a accusé le Parti québécois d'enfreindre le code d'éthique en refusant de réitérer sa confiance au jurisconsulte. Jean-Marc Fournier a accusé Pierre Karl Péladeau de miner une institution de l'Assemblée nationale pour des raisons politiques.

Le député de la Coalition avenir Québec Benoît Charrette a reproché au PQ d'avoir « sali » la réputation de M. Bisson, ancien juge en chef de la Cour d'appel et juriste au parcours « exceptionnel ».