Son nom a toujours été associé à la naissance de la Caisse de dépôt et placement. Il sera maintenant rattaché à l'institution symboliquement. Le siège social de la Caisse, à Montréal, portera en effet le nom d'édifice Jacques-Parizeau en l'honneur de l'ancien premier ministre, qui s'est éteint lundi soir à l'âge de 84 ans.

Philippe Couillard a également annoncé mardi la tenue de funérailles d'État pour «Monsieur». On lui avait découvert un cancer généralisé la semaine dernière, après des mois de dialyse en raison de reins qui ne fonctionnaient plus.

Sa mort a bouleversé le monde politique. L'Assemblée nationale a annulé tous ses travaux mardi, un geste exceptionnel. Il faut remonter à 1996, à la mort d'un autre ancien premier ministre, Robert Bourassa, pour trouver un précédent. Les députés de tous les partis ont rendu hommage à Jacques Parizeau au Salon bleu, en après-midi.

«L'État québécois de 2015, qui lui doit tant, doit proposer une façon durable de prolonger sa mémoire, a affirmé le premier ministre Philippe Couillard en conférence de presse. J'annonce donc l'intention du gouvernement de faire en sorte que le siège social de la Caisse de dépôt et placement du Québec à Montréal porte à l'avenir le nom d'édifice Jacques-Parizeau.» L'Assemblée nationale a par la suite entériné cette proposition dans une motion unanime. La femme de M. Parizeau, Lisette Lapointe, a remercié les parlementaires pour leur geste dans un message diffusé sur les réseaux sociaux.

Jacques Parizeau est l'«un des grands bâtisseurs du Québec moderne, notamment de la prise en main par les Québécois des outils financiers et économiques nécessaires à notre développement», a soutenu Philippe Couillard. Il a participé à la création de la Caisse de dépôt, «devenue si importante et utile à notre progrès».

Tous les Québécois sont en deuil, «privés d'un homme d'État exceptionnel qui a consacré sa vie au Québec et au service public», a ajouté M. Couillard.

Le premier ministre s'est entretenu avec les membres de la famille de M. Parizeau en matinée pour leur offrir ses condoléances. Il leur a proposé la tenue de funérailles d'État, ce qui a été «accueilli favorablement». La famille lui a signalé que M. Parizeau «avait laissé des instructions détaillées sur la tenue des funérailles». Des échanges auront donc lieu entre la famille et le gouvernement au sujet des cérémonies.

À l'Assemblée nationale, les élus de toutes les couleurs politiques ont salué l'héritage de «Monsieur» Parizeau.

Le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, a présenté l'ancien premier ministre comme une «figure de proue» et une «source d'inspiration permanente» pour sa formation politique. Et ce, même si M. Parizeau avait pris ses distances du PQ au cours des dernières années.

M. Péladeau a salué la liste «impressionnante» des réalisations auxquelles M. Parizeau est associé: nationalisation de l'électricité, création de la Régie des rentes, de la Caisse de dépôt et placement et de la Société générale de financement. «Jacques Parizeau, c'est l'homme de la modernité du Québec», a-t-il résumé.

Le chef péquiste dit avoir rencontré Jacques Parizeau à son domicile de L'Île-des-Soeurs il y a quelques années. Il lui a communiqué une telle passion pour le service public qu'il a commencé à réfléchir à son tour à l'idée de se lancer en politique, a-t-il relaté.

François Legault a salué l'héritage de Jacques Parizeau, un homme qu'il a décrit comme un «visionnaire» dont l'oeuvre marque toujours l'économie du Québec mercredi.

«C'est un grand homme d'État que le Québec vient de perdre, a déclaré le chef caquiste. Un homme hors du commun, qui laissera un héritage hors du commun.»

Il a dit perdre «un mentor». Il a souvent échangé avec M. Parizeau alors qu'il militait au Parti québécois, notamment lorsqu'il a rédigé le budget de l'an 1 d'un Québec indépendant.

M. Legault a aussi rappelé que comme ministre des Finances, M. Parizeau avait créé le Régime d'épargne-actions du Québec. Sans ce programme, Air Transat n'aurait peut-être jamais vu le jour, a indiqué le chef caquiste, qui a cofondé cette entreprise de transport aérien.

Quant à Françoise David, elle a souligné la contribution de Jacques Parizeau à l'avancement des femmes. C'est sous son gouvernement que le Québec a entériné la perception automatique des pensions alimentaires. Il a également promis une loi sur l'équité salariale, loi qui a été adoptée en 1996, après sa démission.

Mme David rappelle que M. Parizeau a marché pendant plusieurs heures à ses côtés, au printemps 1995, à l'occasion de la Marche du pain et des roses. Cette marche de 10 jours a culminé avec un rassemblement de 15 000 personnes devant l'Assemblée nationale pour promouvoir la lutte contre la pauvreté.

«M. Parizeau avait compris l'importance d'appuyer les revendications des femmes qui demandaient plus d'égalité», a affirmé Mme David.



PHOTO MATHIEU BELANGER, REUTERS

Les membres de l'Assemblée nationale se sont recueillis lors d'un hommage à Jacques Parizeau.