L'ancien premier ministre Jacques Parizeau, figure de proue historique du mouvement indépendantiste, est mort hier soir. «Monsieur» avait 84 ans.

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«L'homme de ma vie est parti. Tout en douceur, entouré de plein d'amour», a écrit son épouse Lisette Lapointe sur sa page Facebook personnelle. «Il a dû rendre les armes ce soir, 1er juin un peu avant 20 heures. Nous sommes dévastés. Nous l'aimons et l'aimerons toujours.»

Mme Lapointe a indiqué qu'il avait été hospitalisé «durant cinq mois» avant de s'éteindre, «traversant les épreuves, les unes après les autres, avec un courage et une détermination hors du commun».

Jacques Parizeau a été chef du Parti québécois de 1988 à 1996. Il aura notamment marqué l'histoire en frôlant la victoire à la tête des troupes du Oui lors du référendum sur la souveraineté du Québec en 1995.

Économiste de formation, il a aussi été ministre des Finances de René Lévesque de la prise du pouvoir de 1976 jusqu'à sa démission fracassante de 1984.

Depuis quelques années, M. Parizeau apparaissait physiquement affaibli, mais doté d'un esprit politique toujours vif. L'ex-premier ministre donnait toujours des entrevues dans les médias et faisait parfois des apparitions publiques, mettant parfois dans l'embarras ses successeurs.

«Après des années d'une vie bousculée, se retrouver soi-même»

Étant donné l'heure tardive de l'annonce de son décès, c'est sur les réseaux sociaux que les réactions ont été les plus nombreuses dans la nuit d'hier à aujourd'hui.

«Mon grand-père était un homme incroyable, il m'a beaucoup apporté, a écrit son petit-fils Hadrien, qui a suivi les traces de son aïeul au sein du mouvement indépendantiste. Les conseils qu'il m'a donnés, lors des inoubliables moments passés avec lui, continueront à me guider à jamais. Merci Grand-papa.»

Ceux qui l'ont connu comme personnage politique ont aussi tenu à lui rendre un hommage senti.

Jean François Lisée a été son stratège-en-chef lors du référendum de 1995. «Un immense deuil s'ouvre cette nuit. Un géant s'est éteint. Ses idées éclairent l'avenir», a indiqué le député de Rosemont sur Twitter.

Son biographe Pierre Duchesne, pour sa part, a sobrement mis en ligne une photo en noir et blanc d'un jeune Jacques Parizeau dans la vingtaine ou la trentaine.

Lors de la dernière entrevue diffusée de son vivant, M. Parizeau avait dit trouver «agréable» la retraite, malgré les ennuis de santé qui l'affligeait «à l'automne de [sa] vie». 

Au micro de la radio publique, il a jeté un regard plutôt pessimiste sur son héritage, qualifiant sa formation politique de «champ de ruines». «La raison pour laquelle je suis entré en politique, c'était pour faire la souveraineté du Québec. J'ai raté mon coup», a-t-il dit. «J'aurais aimé être un premier ministre qui réussit, qui atteint son objectif.»

Voir venir la fin de sa vie, avait-il ajouté, «c'est chercher la paix avec soi-même. C'est ça finalement. Après des années d'une vie bousculée. Se retrouver soi-même et faire la paix avec soi-même.»