Les CHSLD ne sont toujours pas les «milieux de vie de qualité» que promettait en 2003 le ministre de la Santé de l'époque, l'actuel premier ministre Philippe Couillard. «Il faut que le gouvernement commence par livrer la marchandise qu'il a promise avant d'augmenter le tarif des CHSLD», ajoute le président du Conseil de la protection des malades, Paul G. Brunet.

En 2003, M. Couillard a adopté une politique intitulée «Un milieu de vie de qualité pour les personnes hébergées en CHSLD». Or, l'État y contrevient à bien des égards, selon M. Brunet.

La norme, non écrite, du «bain par semaine» ne respecte pas l'esprit de la politique. Autre exemple: «Dès qu'une personne ne peut se déplacer aux toilettes seule, on lui met une couche, qu'elle soit incontinente ou pas. Et on lui dit: fais dans ta culotte. C'est honteux!» lance M. Brunet.

Il souligne également que la vérification des antécédents judiciaires des employés n'est pas faite systématiquement. Dans un plan d'action 2006-2010, Québec s'engageait à exiger un DEP en assistance à la personne en établissement de tous les nouveaux préposés aux bénéficiaires. Or «il n'y a pas d'exigence de formation» à l'heure actuelle, confirme le Ministère. Mais «la majorité des établissements» demandent l'obtention du DEP.

La semaine dernière, Québec a confirmé son intention d'augmenter au-delà de l'inflation le tarif des CHSLD. Il diminuera d'une somme équivalente son financement à ces établissements.

M. Brunet souligne donc les lacunes, parfois importantes, dans l'implantation de la politique «Un milieu de vie de qualité pour les personnes hébergées en CHSLD». Voici des extraits de rapports d'inspection du ministère de la Santé produits à la suite de visites dans 10 CHSLD de Montréal l'an dernier.

LES REPAS

«Le dîner et le souper ne sont pas servis à des heures normales.»

«Les aliments sont servis à une température inadéquate.»

«Le résident n'est pas informé du menu de façon verbale et écrite.»

Au moment des repas, «le personnel ne répond pas rapidement aux besoins et aux demandes des résidents.»

«Des résidents ne sont pas bien positionnés à table pour s'alimenter.»

L'ACCUEIL

«Les résidents n'ont pas tous un plan d'intervention [NDLR définissant leurs besoins]. Tous les nouveaux résidents n'ont pas un tel plan élaboré dans les quatre à six semaines suivant leur admission.»

«Les renseignements sur les habitudes de vie du résident ne sont pas recueillis avant son arrivée ou encore lors de son accueil.»

L'ENTRETIEN

«Les lieux ne sont pas bien entretenus.»

«Des produits dangereux ne sont pas rangés de façon sécuritaire pour les résidents.»

«Aucune mesure n'est prévue pour décorer la chambre des résidents qui n'ont pas de famille ou de proches.»

«La décoration des espaces communs intérieurs ne rappelle pas le milieu de vie familial.»

LE PERSONNEL

«Certains membres du personnel ne se montrent pas toujours suffisamment attentionnés envers les résidents. Ils manquent de courtoisie dans leurs échanges avec les résidents et ils ont des pratiques pouvant nuire à la confidentialité des renseignements privés.»

«La rotation des membres des équipes soignants de jour et de soir est trop fréquente.»

«Les contentions physiques ne sont pas utilisées seulement en dernier recours. Les côtés de lit (ridelles) sont levés de façon systématique.»

LES DROITS DES RÉSIDENTS

«Le résident ou ses proches reçoivent des documents d'information, mais le formulaire pour porter plainte est manquant.»

«L'établissement ne fait pas suffisamment la promotion des droits des résidents et des valeurs prônées.»

«Il n'existe pas de programme écrit d'accompagnement en fin de vie ni de directive sur la période post-mortem.»

MOINS DE PLACES

1056: nombre de lits que le gouvernement a fermés dans les CHSLD en 2014-2015, dont 876 à Montréal

3752: nombre de personnes en attente d'une place en CHSLD, dont 1313 à Montréal

- Source: Cahier des crédits 2015-2016 du MSSS