Les partisans de Pierre Karl Péladeau craignent que le gouvernement Couillard monte un « tribunal politique » contre le député de Saint-Jérôme lors de la commission parlementaire qui se penchera sur un récent rapport du commissaire à l'éthique.

La commission des institutions étudiera à la fin mai les 23 recommandations formulées par le commissaire Jacques Saint-Laurent, fin février, visant à moderniser le Code d'éthique des élus de l'Assemblée nationale.

Le commissaire suggère en outre de « préciser les règles relatives à la fiducie et au mandat sans droit de regard ». Cette recommandation concerne directement M. Péladeau, qui est à la fois député et actionnaire de contrôle de Québecor, la plus importante entreprise médiatique au Québec.

M. Péladeau s'est engagé à placer ses avoirs dans une fiducie s'il devient chef du PQ, ce qui va au-delà des exigences actuelles du code d'éthique. Mais il ordonnera à son fiduciaire de ne pas vendre ses actions de Québecor.

Dans un avis rendu à la mi-mars, le jurisconsulte de l'Assemblée nationale, Claude Bisson, a conclu que cette solution le placerait en contravention du code d'éthique des députés.

Le député Pascal Bérubé, un partisan de la première heure de M. Péladeau, craint que l'exercice de la commission parlementaire se transforme en « tribunal politique ». Le comité est dominé par le gouvernement libéral majoritaire, souligne-t-il, ce qui veut dire que ses conclusions seront forcément défavorables au magnat de la presse.

«La commission sera l'extension de la peur du Parti libéral à l'égard de Pierre Karl Péladeau», a dénoncé le M. Bérubé, qui est lui-même membre de la commission.

«Les libéraux ont deux ou trois obsessions, a renchéri le chef par intérim du PQ, Stéphane Bédard. S'attaquer aux familles et aux régions, augmenter les taxes et Pierre Karl Péladeau.»

Philippe Couillard a précisé que la commission parlementaire doit se pencher sur l'ensemble des recommandations du commissaire à l'éthique, et non seulement sur celles qui touchent M. Péladeau.

Le premier ministre a cependant prévenu que le PQ ne pourra esquiver le débat sur la situation du député de Saint-Jérôme, grand favori dans la course à la direction du parti qui se termine la semaine prochaine.

«Ce n'est pas banal, la possession d'une position de contrôle d'un empire médiatique de la part d'un élu qui veut être chef de l'opposition et, éventuellement qui aspire à diriger le Québec. Il n'y a pas beaucoup d'endroits où il n'y aurait pas une discussion.»

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a abondé dans le même sens que M. Couillard. À ses yeux, le code d'éthique des élus de l'Assemblée nationale doit être modifié à la lumière de la situation de M. Péladeau.

«Pour moi, c'est une évidence, je ne vois pas comment on peut faire de la politique et être propriétaire de médias qui contrôlent 40% de l'information, a-t-il dit. C'est évident qu'on met les journalistes dans une situation de malaise. C'est évident que ça doit être discuté et que le code doit être revu.»