Philippe Couillard s'est dit indigné d'avoir été associé aux déboires d'un homme d'affaires avec lequel il a administré une entreprise de recherche. Mais il a reconnu avoir été mis au courant d'allégations concernant Hans Peter Black, alors qu'il siégeait avec lui sur le conseil de la société Amorfix Life Sciences.

M. Couillard a présidé le conseil d'administration de cette société de recherche médicale entre 2010 et 2012. M. Black siégeait ce sur même conseil.

M. Black est poursuivi pour fraude par le New Hampshire Bureau of Securities Regulation. Selon la requête, l'homme d'affaires a touché au cours des cinq dernières années entre 30 000$ et 40 000$ d'Amorfix. On lui reproche de ne pas avoir divulgué ces paiements à des clients de sa firme d'investissement, Interinvest.

Amorfix ne fait l'objet d'aucune accusation en lien avec cette affaire.

Lors d'un point de presse, mercredi matin, Philippe Couillard a assuré que les faits reprochés à M. Black n'ont rien à voir avec la société Amorfix. Il a exprimé son « indignation » d'avoir été associé aux agissements de l'homme d'affaires par un article du Journal de Montréal, qui a dévoilé l'affaire.

« Les faits ne mettent en aucun cas mon intégrité personnelle, mon intégrité à titre du président du conseil d'Amorfix pendant deux des neuf ans d'histoire de cette compagnie, a-t-il dénoncé. L'article ne met pas en cause non plus l'entreprise elle-même, et c'est la grande confusion qui est dans l'article de ce matin. »

Des antécédents

Sauf que M. Black se trouvait au coeur de diverses allégations bien avant que M. Couillard le rejoigne sur le conseil d'Amorfix. Les partis de l'opposition à l'Assemblée nationale ont souligné que l'Autorité des marchés financiers a imposé des amendes à l'homme d'affaires et à son entreprise en 2008 et en 2009. Elle lui a depuis retiré son autorisation de vendre des produits financiers au Québec.

Les pratiques de l'homme d'affaires avaient aussi fait l'objet d'un reportage de Radio-Canada en 2009.

À la période de questions, M. Couillard a admis qu'il a été mis au courant des allégations entourant son collègue. Il dit que M. Black a été sommé de s'expliquer après la diffusion du reportage de Radio-Canada, et qu'il a clamé « avec force » son innocence.

M. Couillard a du coup reconnu que le conseil aurait « peut-être » pu mieux s'informer sur les pratiques de M. Black.

« Il n'y a pas eu de suite à ça, a-t-il dit. Est-ce qu'il aurait pu y avoir des suites? Est-ce qu'il aurait pu y avoir une meilleure information? Peut-être, mais c'est le contexte dans lequel nous étions. »

Manque de jugement, selon l'opposition

Le chef par intérim du Parti québécois, Stéphane Bédard, a qualifié de « troublantes » les allégations entourant le premier ministre. Il a tracé un parallèle entre les relations d'affaires de M. Couillard avec M. Black et avec Arthur Porter, aujourd'hui accusé de fraude en lien avec le chantier du CUSM.

« Ou bien M. Couillard choisissait mal ses amis, ou bien ce sont ses amis qui le choisissaient très bien », a-t-il ironisé.

Pour François Legault, chef de la Coalition avenir Québec, l'affaire expose le « manque de jugement » du chef libéral. À ses yeux, M. Couillard aurait du se montrer plus vigilant avant de rejoindre M. Black sur le conseil d'Amorfix.

« Je siégeais sur huit conseils d'administration, a relaté M. Legault. J'en ai refusé, des conseils d'administration, parce qu'après une petite enquête, je voyais qu'il y avait des gens qui avaient peut-être un passé douteux. C'est la responsabilité de toute personne qui accepte de siéger sur un ca de faire une petite enquête sur ce dans quoi il s'embarque, surtout quand on est président du conseil d'administration. »

Dans une déclaration écrite envoyée à La Presse, la société Interinvest, propriété de Hans Peter Black, a indiqué que les accusations dont elle fait l'objet au New Hampshire n'ont pas été prouvées en cour. L'entreprise a fait savoir qu'elle en est à présenter sa défense.