Appui important à la campagne de Bernard Drainville, Sylvain Gaudreault, l'un des derniers députés péquistes à ne pas avoir choisi jusque-là son candidat dans la course à la direction, passe dans le camp du député de Marie-Victorin.

«C'est à la suite d'une longue réflexion. J'arrive à la conclusion que c'est avec Bernard que je pourrai le mieux faire avancer les idées auxquelles je tiens», explique M. Gaudreault, joint en soirée par La Presse.

Après un premier débat qui lui a été plutôt favorable, Bernard Drainville peut entreprendre le second échange, ce soir, à l'Université Laval avec un sixième député derrière lui. S'il jouit d'une moindre notoriété auprès de la population que Véronique Hivon, qui appuie Alexandre Cloutier, Gaudreault a cependant un ascendant certain auprès des membres du Parti québécois.

Le député de Jonquière souhaitait faire son annonce plus tard après le débat prévu sur les questions d'environnement, mais devant les informations réunies par La Presse, il a consenti à confirmer son intention. Lors d'une émission à la radio de Radio-Canada, en fin de semaine, il avait indiqué qu'il entendait prendre position dans la course. Jusqu'en septembre dernier, il avait songé à se présenter lui-même. Plus tard, il avait envisagé de rester neutre dans la course.

Appui étonnant

Son appui à Bernard Drainville en étonnera certains. Cet avocat et professeur avait publiquement appuyé, à l'époque, un verdict de la Cour suprême qui autorisait le port du kirpan, le poignard traditionnel des sikhs, par un élève fréquentant une école primaire de Montréal. Devant le tollé soulevé par le jugement, il avait dit constater «un fond d'intolérance dans notre société». Plus tard, cependant, il s'est rangé sans réserve derrière le projet de charte du gouvernement Marois, soulignant que le débat avait beaucoup évolué depuis 2006. Il a éludé la question, hier, promettant une réponse plus détaillée aujourd'hui, «il n'y a pas que cette question de la laïcité dans l'actualité. Il y en a beaucoup d'autres, l'environnement, l'énergie, la social-démocratie. À un moment donné, il faut aller avec celui qui selon nous est plus à même de les faire avancer. Un chef doit être polyvalent, et c'est ce que je sens chez Bernard Drainville».

Pilier

M. Gaudreault faisait figure de pilier au sein du gouvernement Marois, lui qui cumulait les fonctions de ministre des Transports et de ministre des Affaires municipales. Revenu dans l'opposition, il s'est vu attribuer les dossiers de l'environnement, ce qui l'a amené à travailler de près avec Bernard Drainville, responsable des dossiers d'énergie.

Il était acquis depuis longtemps que cet historien et ancien professeur de journalisme à Jonquière ne pourrait appuyer Pierre Karl Péladeau. Il avait pris des positions assez incisives lors des conflits de travail chez Québecor.

Plus étonnant, ce fils du Saguenay a décidé de ne pas appuyer un candidat de sa région, Alexandre Cloutier. «Je suis pour Bernard, je ne fais pas de campagne contre personne. Alexandre fait une excellente campagne, mais pour moi, c'est Bernard qui est le plus à même de faire avancer concrètement le parti, c'est la meilleure garantie de faire avancer des idées importantes pour moi.»