Philippe Couillard et l'ensemble de la classe politique québécoise ont condamné les commentaires de Stephen Harper sur le port des armes à feu, mardi.

«Un pays où il y a une abondance d'armes à feu qui circulent, ce n'est pas un pays dans lequel la majorité des Canadiens et des Québécois veulent vivre», a dénoncé le premier ministre.

M. Couillard possède lui-même des armes à feu, puisqu'il pratique la chasse. Il a réitéré son appui à la sauvegarde des données du registre des armes d'épaule, aboli par le gouvernement conservateur.

Le premier ministre estime que «moins il y a d'armes en circulation chez nous, le mieux».

M. Harper a déclaré en Saskatchewan que la possession d'armes à feu peut aider des citoyens à se défendre s'ils habitent loin d'un poste de police. Ces propos ont suscité un tollé à Ottawa, mais aussi à Québec.

Pour le ministre des Affaires intergouvernementales, Jean-Marc Fournier, le premier ministre canadien devrait rapidement corriger ses déclarations puisqu'elles portent à penser que les citoyens peuvent se faire justice eux-mêmes.

«Ce n'est vraiment pas ma vision du Canada, a-t-il dénoncé. Cela ne correspond pas à ce qu'est le Canada, à son système de justice et de protection publique.»

Pour lui, il faut espérer que l'interprétation qu'on peut donner à cette déclaration soit corrigée par M. Harper.

«Ce que je vois, à la lecture même de la déclaration, c'est qu'on dirait qu'il est légitime de se faire justice soi-même, qu'il est légitime d'acquérir une arme pour se faire justice.»

Le chef par intérim du Parti québécois, Stéphane Bédard, estime que les déclarations du premier ministre conservateur illustrent le fossé entre le Québec et le Canada anglais.

«Les sociétés qui valorisent le port des armes à feu, ce sont des sociétés plus violentes. On voit ce que ça donne aux États-Unis. Ça va à l'encontre de ce qu'on est au Québec, de ce qu'on pense.»

Pour le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, les propos du premier ministre Harper ne sont pas acceptables. «Au Québec, on a connu le drame de Polytechnique, on est pour le registre des armes à feu et on veut en limiter l'utilisation, il y a un consensus au Québec pour être en désaccord de cette position», observe le chef caquiste.

«Quand on a connu le drame de Polytechnique, on n'essaiera pas de gagner quelques votes à gauche ou à droite. Soyons clairs, au Québec on souhaite avoir moins d'armes à feu!»