Le gouvernement Couillard et le front commun syndical se rendent coup pour coup. À un argument invoqué récemment par Québec, les syndicats répliquent avec un chiffre inédit: le gouvernement épargnera selon eux 432 millions de dollars avec le renouvellement des effectifs causé par les nombreux départs à la retraite.

C'est ce qu'indique un document du front commun syndical que La Presse a obtenu au moment où les représentants syndicaux et patronaux tiennent aujourd'hui une rencontre de négociation.

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a dernièrement défendu son offre de 3% sur cinq ans en disant que les salaires de 40% des employés de l'État vont également augmenter de 3,6% par année en raison de la progression dans les échelles salariales. À partir des données du Trésor, le front commun chiffre le coût de la progression dans les échelles entre 408 et 447 millions de dollars par année.

Mais le ministre Coiteux ne dit pas tout, selon lui. «Les estimations des coûts de progression d'échelon du gouvernement font fi des économies liées au renouvellement des effectifs», peut-on lire dans le document. Le front commun a calculé l'«effet de noria»: les économies réalisées par un employeur à la suite du remplacement d'un employé d'expérience, au sommet de l'échelle, par un employé plus jeune.

Pour le front commun, l'effet de noria est majeur, d'autant qu'il y a 15 000 départs à la retraite chaque année. L'État économisera 432 millions par année en salaires seulement, donc sans tenir compte des avantages sociaux, estime le front commun. Toujours à partir des données du Trésor, il a tenu compte dans son calcul, complexe, du nombre d'échelles par catégories d'emploi, de la proportion des employés au sommet dans chaque cas et de l'écart de rémunération entre le premier et le dernier échelon. Le front commun considère que le fait de pourvoir le poste d'un nouveau retraité fait en sorte qu'un employé est ajouté au bas de l'échelle. C'est selon lui la base du calcul de l'effet de noria: le poids des salaires de ceux qui sortent par rapport à celui de ceux qui entrent.

Coût presque nul

En somme, tous les mouvements dans les échelles salariales auront un coût à peu près nul pour l'État, estime le front commun. Dans le scénario le plus optimiste du point de vue syndical, il y aurait même gain net de près de 24 millions de dollars pour l'État entre le coût de la progression dans les échelles (408 millions) et les économies liées au renouvellement des effectifs (432 millions).

Québec a déjà annoncé son intention de ne pas remplacer tous ceux qui partent à la retraite. Il veut abolir au moins 1150 postes en 2015-2016 dans la fonction publique - soit 2% des effectifs - en profitant des 2000 départs à la retraite prévus.