Le Parti québécois et Québec solidaire font front commun contre les coupes à l'aide sociale.

Les députés Harold Lebel, du PQ, et Manon Massé, de QS, ont exhorté jeudi le nouveau ministre de la Solidarité sociale, Sam Hamad, à faire «amende honorable» et à jeter au panier les compressions de 15 millions de dollars annoncées en janvier par son prédécesseur François Blais.

En outre, à compter du 1er mai, les prestataires ne seront plus admissibles à l'aide sociale s'ils séjournent plus de 15 jours à l'extérieur du Québec au cours d'un même mois. Autrement dit, Québec coupera les vivres aux prestataires qui voyagent à l'étranger, une largesse «difficilement justifiable», avait expliqué M. Blais en conférence de presse.

Québec accroît aussi les pénalités financières pour les prestataires qui n'ont pas déclaré la totalité de leurs revenus et lève le moratoire qui existait depuis 2007 sur la prise en compte de la valeur nette de la résidence pour l'admissibilité à l'aide sociale.

D'autres mesures de resserrement touchent les revenus de colocation des prestataires et l'admissibilité à des traitements contre la toxicomanie.

Porte-parole de l'opposition officielle en matière de lutte à la pauvreté, le député Lebel a condamné ces compressions qui, selon lui, traduisent les pires préjugés envers les bénéficiaires de l'aide sociale.

«Ce sont des préjugés gros comme un piano. C'est facile de dire au public qu'on va couper ceux qui ont de grosses maisons, qu'on va couper pour ceux qui font des voyages, comme si les gens à l'aide sociale faisaient des voyages dans le Sud régulièrement», a-t-il soulevé en point de presse aux côtés de Mme Massé et des représentants du réseau communautaire.

La députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques a renchéri en appelant le ministre Hamad à poser un geste pour corriger «l'erreur» de vouloir faire des économies sur le dos des prestataires.

«On ne fait pas juste entretenir un préjugé, on montre du doigt des gens en disant: eux autres ne sont pas corrects, eux autres nous font vivre un déficit, eux autres font en sorte qu'on n'a plus les moyens de se payer un système de santé», a-t-elle dit.

S'il y a des économies à faire, le gouvernement devrait regarder ailleurs que dans la cour des plus démunis, a fait valoir la députée solidaire. Elle a cité en exemple le ronflant contrat de gré à gré octroyé à Lucien Bouchard à titre de négociateur dans le conflit qui oppose Produits forestiers Résolu et les communautés crie et innue du Lac-Saint-Jean.

«Je me demande toujours qui vit au crochet de l'État. C'est une grande question à se poser. Quand je vois qu'un ancien premier ministre reçoit 500 000 $ pour faire une négociation et qu'après on coupe 300 000 ménages à l'aide sociale pour aller chercher 15 millions, il y a quelque chose qui ne marche pas», a-t-elle argué.