Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, recule sur les sanctions qu'il voulait imposer à Longueuil. Il renonce par le fait même à rembourser les contribuables fonciers pour la hausse de taxes foncières que la Ville impute aux compressions du gouvernement.

La volte-face s'est produite lundi lors d'une rencontre que le ministre a eue avec la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire. C'était leur premier face-à-face depuis le début de la controverse sur les hausses de taxes, début de décembre. 

Pierre Moreau ne réduira finalement pas les transferts de Longueuil, reconnaissant que la Ville a fait des efforts pour éponger une partie des compressions de 5,5 millions de dollars découlant du pacte fiscal transitoire. De son côté, Mme Saint-Hilaire s'est engagée à faire des « efforts supplémentaires » dans le budget de l'an prochain. 

Les deux politiciens « s'entendent », proclame un communiqué de presse conjoint de cinq paragraphes dont la rédaction a duré plusieurs heures. « Je suis très heureux de ce dénouement, parce que ce sont les contribuables qui bénéficieront des efforts qui seront faits. Je salue l'ouverture de la mairesse de Longueuil et je constate avec satisfaction que nous poursuivons les mêmes objectifs », a affirmé le ministre Moreau. «Satisfaite», Caroline St-Hilaire considère que la rencontre « permettra de faire avancer les dossiers de Longueuil ». Ils n'ont pas abordé la gouvernance de l'agglomération parce que «le dossier est judiciarisé». Mme St-Hilaire avait critiqué le ministre pour avoir rencontré trois maires de son agglomération vendredi afin de discuter d'un enjeu qui se trouve devant les tribunaux.

Le bras de fer entre Québec et Longueuil avait commencé lors du dépôt du budget en décembre. La Ville a annoncé des hausses d'impôt foncier de 3,9% en moyenne. Elle a plaidé qu'une partie de la hausse (autour de 1,2%, c'est-à-dire environ 3,4 millions de dollars) est attribuable à des compressions imposées par le gouvernement. Laval avait fait une sortie semblable. Pierre Moreau avait déclaré que les deux villes prennent « les gens pour des crétins » en affirmant que la hausse de taxes s'explique par les compressions. Il menaçait de réduire leurs transferts et d'utiliser la cagnotte pour soulager les contribuables fonciers. Plus tôt ce mois-ci, le ministre déclarait à La Presse qu'il mettait ses menaces à exécution parce que Longueuil et Laval n'ont pas reculé sur les hausses de taxes. «C'est ce qu'on va faire. Je vais vous revenir là-dessus très prochainement», disait-il, une déclaration qui avait soulevé un tollé dans le monde municipal. Le plan était à ce point avancé au gouvernement que l'on évoquait l'idée de rembourser les contribuables par l'entremise de la déclaration de revenus de l'an prochain.

Rencontre à venir entre Moreau et le maire de Laval

Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, retirera ses sanctions contre Laval si son maire Marc Demers prend un engagement semblable à celui de la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire. Lundi, M. Moreau a renoncé à couper les transferts de Longueuil et, par conséquent, à rembourser les contribuables pour les hausses de taxes que la Ville impute aux compressions du gouvernement. En contrepartie, Mme St-Hilaire s'est engagée à faire des «efforts additionnels» l'an prochain dans la colonne des dépenses de la Ville. «Si [Marc Demers] fait preuve d'ouverture comme Mme St-Hilaire et qu'il me dit qu'il est prêt à faire des efforts additionnels que nous allons regarder ensemble, on verra s'il aura le même traitement», a déclaré M. Moreau, hier. M. Demers a sollicité une rencontre avec le ministre. Selon M. Moreau, aucune date n'a été fixée jusqu'à maintenant.