Pierre Karl Péladeau a été directement attaqué sur ses prises de position antisyndicales à l'époque où il appartenait au monde des affaires, lors du premier débat des candidats à la direction du Parti québécois (PQ).

Le grand meneur de la course a été la cible de l'une des rares attaques d'une joute relativement égale, où aucun échange direct n'était autorisé.

M. Péladeau a plaidé qu'il était «dans une situation très différente», en 2010, alors qu'il militait pour l'abolition de la formule Rand, qui prévoit le prélèvement automatique des cotisations syndicales, et pour une réduction de la place qu'occupent les syndicats dans la société. Cette année-là, il avait signé une lettre ouverte où il demandait: «Pourquoi ces organisations devraient-elles bénéficier de privilèges aussi nombreux et de moins en moins justifiables?»

Il a ajouté que sa tournée des régions actuelle lui démontrait que travailleurs et patrons s'entendent pour faire de la création d'entreprises la première des priorités.

C'est Alexandre Cloutier qui s'en est directement pris au magnat de la presse et des télécommunications en lui demandant s'il maintenait ces positions. Le jeune député d'Alma a dit vouloir défendre l'héritage de René Lévesque en soulignant que ces prises de position heurtent de front l'héritage du PQ.

«Il a eu un début de réponse, il y a une réflexion de sa part», a analysé M. Cloutier juste après le débat. Il n'a pas voulu dire si lui-même était satisfait de cette réponse.

Bernard Drainville et Martine Ouellet ont quant à eux indiqué qu'ils ne se satisfaisaient pas des explications de M. Péladeau, à qui ils demandent des éclaircissements.

Le porte-étendard péquiste de la laïcité a été le seul autre candidat à faire face à une attaque. Celui qui se présente lui-même comme le «cinquième candidat», Pierre Céré, s'en est pris à la «ratatouille» identitaire qui conduirait certains politiciens à mêler religion et intégrisme, immigration et violence. Après le débat, il a souligné que sa pointe visait «bien sûr» M. Drainville. 

Référendum ou pas?

Quatre questions avaient été préparées par des étudiants de Montréal. Le thème de l'indépendance a permis à Martine Ouellet de revendiquer son appartenance «à l'école de Jacques Parizeau» en promettant un référendum dès son premier mandat.

Pierre Karl Péladeau, quant à lui, clame toujours qu'il aura une position claire sur l'imminence - ou non - d'un référendum quelques mois avant le prochain scrutin, en 2018. S'il est élu chef du Parti québécois, «les trois prochaines années et demie» seront consacrées à une campagne de sensibilisation et de discussion.

Bernard Drainville a profité de ce débat pour reprocher à Alexandre Cloutier son idée de déclencher un référendum à une seule condition: qu'un million de Québécois signent un registre le réclamant.

Alexandre Cloutier lui a reproché sa volonté de vouloir décider «trois semaines avant l'élection» s'il promettra une consultation. L'automne dernier, M. Drainville a formulé l'idée de repousser la tenue d'un référendum à un éventuel deuxième mandat. Il dit que ce plan pourrait changer si certaines conditions étaient réunies plus tôt.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE