La prochaine session parlementaire sera l'occasion de remanier les programmes de formation de la main-d'oeuvre afin qu'ils correspondent davantage aux besoins du marché du travail.

À l'issue du caucus de deux jours de son équipe, qui préparait la rentrée parlementaire du 10 février, M. Couillard a également assuré que l'équilibre sera finalement atteint dans le budget du printemps prochain. «L'hémorragie est enfin contrôlée», a dit M. Couillard, rappelant que le Québec sortirait de six années de déficit.

La loi du 1% sur la formation professionnelle sera modifiée, a indiqué M. Couillard. Québec veut resserrer l'utilisation de ce pactole - 1,1 milliard de dollars par année sont dépensés en formation par les entreprises dont la masse salariale excède 1 million. On voudra élaguer en interdisant le recours à des mesures qui ne sont pas manifestement «qualifiantes», comme des colloques et des formations de développement personnel. Aussi, on voudra augmenter le nombre et la valeur des stages en entreprise et permettre qu'ils ne surviennent pas uniquement à la fin de la formation d'un étudiant. Dans bon nombre de régions, même celles qui sont frappées par le chômage, des postes restent vacants faute de candidats formés. «L'adéquation de la formation et de l'emploi est un défi où on n'a jamais réussi à avoir une action intégrée et cohérente», a observé M. Couillard.

La population active ne croît pas et des milliers d'emplois spécialisés devront être pourvus dans les prochaines années, rappelle-t-il.

Une route jonchée d'obstacles

Mais Québec emprunte une route jonchée d'obstacles. À la Commission des partenaires du marché du travail, organisme paritaire chargé des politiques de formation, il est devenu manifeste qu'un consensus était hors d'atteinte. Une résolution adoptée avant les Fêtes illustre le clivage: les organisations syndicales et le secteur de l'enseignement ne souhaitent pas de modifications à la loi et les ténors patronaux veulent des modifications importantes, pour recentrer ces efforts sur l'emploi. Certains désirent carrément l'abolition du 1%, a confié un membre.

Selon le ministre Couillard, les ministères ont déjà déterminé quelles compressions effectuer pour sabrer le dernier milliard nécessaire à l'atteinte du déficit zéro au budget du printemps. «Le chemin est largement dégagé, les choses sont en place», a-t-il dit, rappelant qu'il n'y aurait pas de mesures touchant «les poches» des Québécois. Québec paraît embarrassé toutefois par la décision d'Ottawa de ne déposer son budget qu'à la fin avril, a-t-on appris par ailleurs.

Québec est face à des «demandes totalement irréalistes» des centrales syndicales qui feraient exploser le déficit. Il est prêt à discuter d'améliorations à ses offres pour certains groupes, mais ces efforts signifieraient des reculs équivalents pour d'autres. Une fois l'équilibre atteint, les surplus seront utilisés pour réduire la dette et le fardeau fiscal, avec la taxe santé comme première cible.

L'expérience de l'Arabie saoudite

Amené à commenter son séjour en Arabie saoudite, où il a travaillé comme chirurgien, il a souligné que cette expérience lui avait appris ce que vit un citoyen différent par sa couleur, par son origine. Des citoyens de ces pays aux politiques controversées sont aussi opposés que les Occidentaux aux sévices imposés aux femmes ou aux objecteurs de conscience, explique-t-il. «Ces gens ont besoin d'être soutenus, pas d'être isolés du reste du monde!»

«Cela m'a appris ce que cela veut dire, être l'étranger, avoir la peau différente de la majorité, ça m'a appris la valeur de nos libertés», a-t-il dit. Aussi, maintenir dans leur isolement ces populations n'est pas une solution. Les critiques du Parti québécois voulant qu'il soit «imprégné» de la culture musulmane à cause de ce séjour «sont inacceptables, cela montre leur immaturité, leur ignorance et leur incompétence en matière de coexistence des sociétés», a fait valoir M. Couillard.

«Le président Obama vient de visiter Riyad, est-ce que cela veut dire qu'il endosse les pratiques de ce pays?», a lancé M. Couillard.

Un projet de loi sur la neutralité de l'État sera déposé, peut-être même dès la prochaine session parlementaire. M. Couillard se rebiffe quand on lui parle d'intégrisme. La pratique rigoureuse d'une religion n'est pas illégale si elle respecte les lois, observe-t-il. Un catholique «intégriste» peut décider sans problème d'assister à la messe tous les jours ou même de porter un cilice s'il le juge approprié, a rappelé M. Couillard.