Pierre Karl Péladeau se sent interpellé par le port des signes religieux des personnes en autorité au Québec. Le favori de la course à la direction du Parti québécois se range derrière les recommandations de la Commission Bouchard-Taylor, en plus d'y inclure les enseignants.

Dans son rapport de 2008, les commissaires préconisaient l'interdiction du port de signes religieux ostensibles chez les juges, les procureurs de la Couronne, les policiers et les gardiens de prison. «Tout le détail je ne peux pas vous dire, mais tout ce qui est en autorité, c'est quelque chose d'important», a dit le magnat des médias à l'entrée du caucus présessionnel de son parti à Saint-Jean-sur-Richelieu.  Il pense qu'«une pièce législative» sur la question des valeurs et l'égalité entre les hommes et les femmes doit être adoptée par le gouvernement.  

Le chef intérimaire du parti, Stéphane Bédard, a mis en doute les intentions réelles de Philippe Couillard dans le dossier. Il croit que le premier ministre du Québec ne souhaite tout simplement pas aborder la question de la laïcité.  «On ne peut pas être la seule démocratie, avec ce qu'on vit actuellement, qui ne s'intéresse pas à ça parce que «Monsieur» à des malaises profonds à ne pas parler de cette question» a-t-il dit, sans toutefois préciser sa pensée. 

Un sondage SOM-Cogeco Nouvelles publié ce matin indique que 68% des Québécois - après répartition - seraient en faveur de la création d'une charte de la laïcité. Les résultats montrent aussi que 16% des Québécois affirment que leur perception des immigrants et des musulmans a changé négativement depuis les évènements de Paris.

Le député Bernard Drainville s'est dit peu surpris par ce sondage, et pense que l'adoption d'une charte pourrait aider à apaiser les craintes au sein de la société. «On ne devrait pas craindre nos concitoyens musulmans. Mais actuellement, il y a des Québécois qui ont une certaine peur, et je pense que cela est dû au fait qu'il n'y a pas de règles claires», a dit le candidat à la direction du PQ.

Alexandre Cloutier,  lui aussi prétendant à la direction du parti, croit qu'il doit y avoir un débat sur les mesures à mettre en place pour lutter contre l'intégrisme. « Le Québec ne vit pas sur une ile isolée. Le Québec doit aussi s'assurer de lutter contre toutes formes de terrorismes sur le territoire», a-t-il indiqué. Le caucus du PQ se penchera  par ailleurs sur la question d'ici la fin du rassemblement à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Péladeau se soumettra aux règles du DGE

Pierre Karl Péladeau promet aussi «d'appliquer les règles» du Directeur général des élections en matière de dépenses électorales. Ce matin, La Presse révélait que le DGE veut déterminer si Pierre Karl Péladeau doit comptabiliser les coûts de la location de son avion de campagne dans ses dépenses électorales. Le maximum des dépenses permises par la loi est de 400 000 dollars. 

«Les gens dépensent leur argent comme ils le souhaitent», a-t-il dit, avant d'ajouter que les règles du DGE étaient claires.

Observatoire sur l'intégrisme religieux

Le Parti québécois a également relancé l'idée d'un observatoire sur l'intégrisme religieux. La députée Agnès Maltais a annoncé en point de presse que son parti proposera un projet de loi sur la question dès la rentrée parlementaire en février. «Nous devons comprendre la question de la radicalisation des individus et des groupes», a fait savoir la leader parlementaire de la formation politique. Elle promet d'y inclure «l'esprit» des mesures proposées à l'époque par la députée libérale Fatima Houda-Pépin, avant qu'elle ne soit expulsée par les membres de son parti.