Jean-François Lisée prévient les péquistes tentés par Pierre Karl Péladeau: la course à la direction  du Parti québécois ne doit pas être un concours de popularité. À l'aube du lancement officiel de la campagne à la direction du Parti québécois, le candidat se positionne comme «la voix réaliste» de la course.

Dans une lettre ouverte publiée sur son blogue, Jean-François Lisée compare l'engouement des militants pour le député de Saint-Jérôme à celui d'André Boislcair d'il y a 10 ans.

«La suite est connue» écrit-il, faisant sans doute référence à la raclée électorale qu'a connue son parti sous la gouverne de Monsieur Boisclair.

«On est tous jaloux de la popularité de Pierre Karl. On admet qu'il est très populaire. Mais l'histoire au PQ nous dit que ça ne suffit pas», explique l'élu de Rosemont, dans une entrevue accordée à La Presse. Il rappelle aussi que le référendum de 1995 a été perdu par les souverainistes, malgré la popularité combinée de Mario Dumont, Lucien Bouchard et Jacques Parizeau.

Le député demande aussi à ses collègues aspirants-chefs «d'être franc» avec les militants péquistes. En se référant à un sondeur favorable à sa cause, il indique qu'il existerait 28 % d'indépendantistes au Québec. Le chiffre de 40%, souvent évoqué par les ténors souverainistes, n'est «qu'une vue d'esprit» selon lui.

Il pense que Martine Ouellet, Bernard Drainville, Alexandre Cloutier, Pierre Karl Péladeau se lient les mains en proposant dès maintenant de préparer une démarche référendaire et/ou un référendum

«De dire au militant que c'est certain qu'on va faire une élection sur la souveraineté en 2018, c'est très risqué», croit-il.  Jean-François Lisée conseille donc de ne pas prendre de décision sur cette épineuse question avant 2017, soit un an avant la date de la prochaine élection.  

«J'appelle mes collègues à garder cette porte ouverte et ne pas entraîner les militants dans ce qui pourrait être un mirage», ajoute-t-il, toujours en entrevue.

Il s'en prend aussi à ses collègues - sauf Pierre Céré - qui ne désirent pas gouverner une province. Selon lui, le Parti québécois risque de perdre les élections avec  ce discours du «tout ou rien». Il pense que le prochain chef du PQ doit travailler sur les deux plans.

Le candidat concède que ses prises de position peuvent sembler «rabat-joie » pour certains militants plus pressés. Mais il pense que c'est le rôle de l'intellectuel public de dire la vérité.

«Je ne veux pas gagner à tout prix. Je ne veux  pas gagner en disant le contraire de l'analyse que j'ai. Si c'est mon rôle, ce sera mon rôle» avoue-t-il en entrevue.