Le ministère des Relations internationales (MRI) va devoir composer à court terme avec une nouvelle réduction de son budget, prélude à des coupes supplémentaires dans son réseau de représentation à l'étranger, selon ce qu'a appris La Presse Canadienne.

Le rayonnement du Québec à l'étranger devra donc coûter moins cher, coûte que coûte, et prendre une nouvelle tournure.

Cette exigence, au nom du retour forcé à l'équilibre budgétaire dès cette année, obligera le ministère à court terme à pousser un cran plus loin le grand remue-ménage entrepris au cours des derniers mois.

Et ce, après une première et douloureuse ponction de près de 5 millions $ dans son budget en juin dernier, qui a déjà entraîné un recul de sa présence internationale.

La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a confirmé en entrevue qu'elle planchait sur divers scénarios, dans ce contexte, tout en négociant avec le Conseil du trésor l'importance de la contribution supplémentaire de son ministère à l'équilibre budgétaire.

Chose certaine, le portrait d'ensemble de la place du Québec dans le monde s'en trouvera transformé. Québec devra désormais faire les choses différemment.

«On veut le rayonnement le plus large possible, mais à moindre coût», résume-t-elle. Le budget annuel du MRI est d'environ 100 millions $.

«Il faudrait être naïf de penser que le ministère des Relations internationales n'aura pas sa part à faire», ajoute-t-elle, alors que le gouvernement cherche par tous les moyens à sabrer dans ses dépenses.

Pour ce qui est de la représentation du Québec à l'international, les compressions à venir pourront prendre plusieurs formes: reconfiguration du réseau et possible fermeture de bureaux ou délégations, réduction du nombre de postes dans le réseau, diminution du nombre de Québécois en poste à l'étranger au profit du recrutement local.

Pour épargner des sous, Québec remet aussi en question l'activité internationale pratiquée en «silos» par divers ministères, organismes gouvernementaux et sociétés d'État qui ont développé au fil des ans leur propre réseau, en parallèle à celui administré par le MRI.

Un exemple: Investissement Québec compte 12 bureaux à l'étranger (Atlanta, Chicago, Los Angeles, New York, Londres, Munich, Paris, Stockholm, Beijing, Mumbai, Séoul et Tokyo), installés soit dans les délégations québécoises, soit dans les consulats et ambassades du gouvernement canadien.

Est-ce «pertinent» qu'il en soit ainsi?, s'interroge la ministre, soucieuse de voir le MRI «coordonner» désormais l'activité internationale de tout le gouvernement.

Elle admet des ratés en ce domaine, la main gauche ignorant souvent ce que fait la main droite. Chacun allait son petit bonhomme de chemin sur la planète, et «on s'intéressait moins à ce que les autres faisaient».

Or, il faut «assurer notre rayonnement international, en sachant exactement ce que nous faisons», affirme-t-elle, voulant que le MRI joue, plus que jamais, son rôle «au maximum».

«Le MRI va assumer davantage cette tâche de coordination, pour être capable de ne pas se promener en silos», promet Mme St-Pierre.

C'est donc toute l'activité internationale du gouvernement - et pas seulement le MRI - qui fait l'objet d'un grand remue-ménage.

Le rôle du MRI serait non seulement maintenu, mais renforcé. C'est un changement de cap, car il y a quelques mois à peine, toujours dans le but d'épargner quelques dollars, on envisageait en haut lieu transformer le ministère en simple «secrétariat».

Ceux qui rêvent de s'expatrier en contribuant à bâtir la diplomatie québécoise vont ronger leur frein: l'avenir est au recrutement local à l'étranger, pour économiser «sur les frais de subsistance et les frais de déplacement».

Depuis des mois, la ministre St-Pierre dirige avec son collègue du Développement économique, Jacques Daoust, une «Table internationale» qui se transformera en comité permanent, qu'elle présidera, avec pour mandat de revoir deux fois l'an priorités et moyens.

Le financement par le MRI des études internationales sur le Québec demeure une question en suspens. En décembre, Le Devoir avait annoncé que Québec s'apprêtait à couper les vivres à l'Association internationale des études québécoises. C'est «un réseau qui est important», dit la ministre, en affirmant que «le dossier est encore à l'étude».

Pour ce qui est des missions gouvernementales à l'étranger, tantôt dirigées par un ministre, tantôt par le premier ministre (il en mène une dans les prochains jours à Londres, Bruxelles et Davos), elles seront désormais «plus spécifiques», mieux ciblées, promet la ministre.

«Il y a des choses qu'on peut faire autrement, moi j'en suis convaincue», ajoute celle qui se plaît à rappeler que le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard avait sabré «20 millions $» dans la représentation du Québec à l'étranger, en 1996, soit bien davantage que ce que le gouvernement Couillard s'apprête à faire.

En juin, Québec avait annoncé la fermeture de trois de ses bureaux à l'étranger: Taipei, Santiago et Moscou. La délégation d'Atlanta était réduite. Le bureau du Québec à Berlin devenait une simple antenne, celui de Washington perdait sa vocation commerciale.

Sur la planète, le Québec compte actuellement sept délégations générales, quatre délégations, huit bureaux, quatre antennes et deux représentations en affaires multilatérales.