Le premier ministre Philippe Couillard aurait dû se rendre à Paris dimanche, pour participer à la marche républicaine en hommage aux victimes des récents attentats terroristes survenus dans la capitale française, comme l'ont fait tant d'autres chefs de gouvernement, selon l'ex-ministre Louise Beaudoin.

Son absence est «incompréhensible», soutient l'ex-ministre péquiste, convaincue que ce choix indique que le gouvernement Couillard manque «d'ambition internationale» pour le Québec.

Mme Beaudoin a une longue feuille de route en matière de relations France-Québec, ayant été notamment ministre des Relations internationales, responsable de la Francophonie et auparavant déléguée générale du Québec à Paris.

Elle estime que l'absence du premier ministre et de la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, n'augurent rien de bon pour l'avenir des relations entre la France et le Québec, voire pour le rayonnement du Québec à l'étranger.

Mais la ministre St-Pierre ne partage pas son point de vue et défend le choix du gouvernement, en faisant valoir que Québec avait préféré assister aux funérailles des victimes, dont la date n'est pas encore connue.

«On est à l'aise avec cette décision» de ne pas participer à la marche de Paris dimanche, a assuré Mme St-Pierre, en entrevue téléphonique.

Elle a ajouté que la décision n'était pas en lien avec la série de compressions budgétaires décrétées par le gouvernement et le fait que Québec a décidé de sabrer dans les voyages à l'étranger.

Entre la France et le Québec «nos relations sont excellentes et vont continuer de l'être», assure Mme St-Pierre, qui devrait représenter le Québec aux funérailles des victimes d'attentats terroristes. Il n'est pas prévu que le premier ministre se déplace.

Une cinquantaine de chefs de gouvernement de divers pays ont participé dimanche à la marche organisée à la suite des attentats perpétrés contre la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo et dans une épicerie juive. La marche, qualifiée d'historique, a attiré 1,5 million de personnes.

Le Québec y était représenté par le délégué général du Québec à Paris, Michel Robitaille. Mais aucun élu n'y était, une aberration selon Mme Beaudoin.

Le premier ministre Couillard a participé à la marche d'appui qui s'est tenue à Québec, tandis que plusieurs ministres étaient présents à celle de Montréal.

Depuis les années 60, le Québec et la France, qui partagent une histoire commune, entretiennent des relations diplomatiques directes et privilégiées.

Dans ce contexte, l'absence du premier ministre du Québec à Paris «est incompréhensible», compte tenu de «l'intensité et de la profondeur» de la relation franco-québécoise, s'exclame Mme Beaudoin en entrevue téléphonique.

«Le Québec brillait par son absence», alors que «Paris était la capitale du monde», déplore-t-elle, au lendemain de la commémoration des victimes des attentats terroristes survenus dans la capitale française, en traçant un lien entre le choix du gouvernement et les coupes imposées au cours des derniers mois au réseau de représentation du Québec à l'étranger.

Elle se demande aussi dans quelle mesure le gouvernement Couillard s'est senti bien représenté par le gouvernement canadien, alors que le premier ministre Stephen Harper ne s'est pas déplacé à Paris, ayant délégué son ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney.