Les Québécois ont marché dimanche pour dire «non [aux] chevaliers de l'obscurantisme», a déclaré le premier ministre Philippe Couillard.

Plus d'un millier de personnes, parmi lesquelles le chef du gouvernement, le consul général de France à Québec, quelques élus et nombre de ressortissants de l'Hexagone, ont pris part à une marche de «recueillement» dans les rues du Vieux-Québec en guise de solidarité avec le peuple français.

Par un frisquet - 10 degrés, les marcheurs ont brandi pancartes et étendards «Je suis Charlie» pour exprimer leur attachement à la liberté d'expression, touchée en plein coeur par l'attaque islamiste perpétrée mercredi dernier contre les artisans de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.

La marche, qui s'est déroulée sans incident, s'est terminée devant le consulat général de France où la foule a entonné en choeur La Marseillaise. À l'intérieur, le premier ministre, flanqué du consul général Nicolas Chibaeff, a signé le livre de condoléances mis à la disposition de la population.

«Nous disons non au fanatisme, non à la violence aveugle, non à la violence inhumaine dont nous avons été témoins au cours des derniers jours, a lancé M. Couillard en point de presse après la marche. Oui à la liberté, oui à la société de droit démocratique qui affirme, ensemble aujourd'hui, qu'elle gagne par rapport à ces chevaliers de l'obscurantisme qui nous ont attaqués, qui ont attaqué le monde démocratique à Paris».

Dans son plaidoyer pour la liberté d'expression, le premier ministre a tenu à saluer la décision des journaux québécois de publier, dans les heures suivant la tuerie, les dessins controversés des caricaturistes de Charlie Hebdo.

Selon M. Couillard, la pire réplique à opposer à la terreur fanatique serait en effet de «retraiter dans la crainte» en sombrant dans l'autocensure.

«Si on faisait ça, on donnerait raison aux terroristes, a dit le premier ministre libéral. Il faut affirmer ces libertés et je voudrais rendre hommage aux quotidiens québécois qui la même journée, ont décidé de publier un exemple des dessins de Charlie Hebdo. C'est un geste important à poser et comme Québécois, je suis fier que nos journaux l'aient posé».

Depuis la tragédie, des voix s'élèvent au Québec pour exiger le dépôt d'un projet de loi sur la neutralité ou la laïcité de l'État. À ce sujet, le premier ministre est demeuré prudent, mettant la population en garde contre les «amalgames».

«Il faut éviter à tout prix de faire un lien entre la coexistence de notre communauté musulmane avec l'ensemble des Québécois et ces événements», a fait valoir M. Couillard.

Le gouvernement va agir sur le front de la neutralité de l'État et de la lutte à l'intégrisme, a assuré le chef libéral, mais «à un moment où les esprits seront un peu à distance» des événements de Paris.

«Justement pour éviter une autre conséquence tragique de ces événements qui serait de glisser vers la stigmatisation ou l'exclusion d'une partie des Québécois», a-t-il précisé.