Des dizaines de milliers de manifestants contre l'austérité du gouvernement Couillard se sont fait entendre en simultané, samedi, à Montréal et Québec.

À Montréal, ils se sont rassemblés par milliers, vers midi à la Place du Canada, avant de lancer la marche sur la rue Sainte-Catherine à Montréal à compter de 13h. La principale artère commerciale de la métropole québécoise a dû être fermée temporairement dans une partie du centre-ville, de même que certaines rues perpendiculaires, ce qui a causé des bouchons sur d'autres artères limitrophes.

Les participants sont arrivés à pied, en métro et par autocars nolisés, tant de la CSN que de la FTQ, de la Centrale des syndicats du Québec, du Syndicat des professionnels du gouvernement, que des Centres de la petite enfance, des cols bleus municipaux, des Fédérations étudiantes collégiales et universitaires, des groupes communautaires représentant des sans-emplois, des groupes de femmes, et d'autres.

À Québec également, ils étaient des milliers à protester contre les politiques d'austérité qui frappent également le secteur public et parapublic. Des réductions de personnels sont annoncées dans la fonction publique. À Québec, des autocars arrivaient même de la Gaspésie et des Iles-de-la-Madeleine.

Plusieurs parents sont venus aux manifestations avec des enfants pour protester contre la hausse et la modulation du tarif dans les services de garde annoncée récemment.

«Le retour à l'équilibre budgétaire à la vitesse grand V que tente de nous imposer ce gouvernement-là, ça va mettre la hache dans nos programmes sociaux. Le Québec qu'on a construit depuis des décennies, on en est fier. Et on ne veut pas le couper à grands coups de hache dans les prochains mois et les prochaines années», a lancé le président de la FTQ, Daniel Boyer, présent à la manifestation montréalaise.

Les étudiants aussi en avaient gros sur le coeur et ont manifesté. Les politiques d'austérité annoncées par le gouvernement Couillard, «c'est s'attaquer à la population, c'est s'attaquer aux jeunes, aux plus démunis, aux familles - avec les CPE - et tout ça, pour sa stricte vision comptable», a dénoncé Jonathan Bouchard, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec, présent à la manifestation montréalaise.

Des groupes de femmes et des organismes communautaires se plaignent de recevoir une clientèle qui leur est référée par les services sociaux et les établissements de santé qui sont eux-mêmes confrontés à des compressions de budget ou de personnel. «Ces personnes-là sont délaissées par le gouvernement qui se déresponsabilise de ses missions sociales. Et ces personnes-là se retrouvent à aller vers les organismes communautaires, qui sont sous-financés et qui, en plus, vont être coupés dans les prochaines années», a déploré Marie-Hélène Arruda, du Mouvement autonome et solidaire des sans-emplois (MASSE).

L'opposition péquiste a participé au concert de reproches contre le gouvernement Couillard, tant à Montréal qu'à Québec. Plusieurs députés ont marché aux côtés des syndicats, groupes sociaux et parents avec leurs enfants.

«On a un gouvernement qui semble complètement déconnecté de la réalité», a tonné Jean-François Lisée, député péquiste et candidat au leadership du PQ. Le gouvernement Couillard «prend le prétexte du déficit zéro pour démanteler le modèle québécois».

Même sur la scène fédérale, le chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, était présent aux côtés des péquistes. «Le gouvernement Couillard préfère appauvrir, écraser la classe moyenne plutôt que de revendiquer notre argent au fédéral, où il y a des surplus», a-t-il critiqué.

Bien que ces deux grandes manifestations constituent le point culminant d'une campagne de protestation contre différentes politiques du gouvernement Couillard, elles ne seront pas les dernières, s'il faut en croire les porte-parole. «Ça va se poursuivre ces manifestations-là. C'est une très grande manifestation aujourd'hui; ce n'est pas la dernière. Si ce gouvernement-là persiste et signe, s'il va de l'avant avec ses mesures d'austérité, s'il ne consulte pas la société civile, il va nous avoir sur son chemin; on va continuer à manifester; on va continuer», a prévenu Daniel Boyer, de la FTQ.