Pierre Karl Péladeau peut bien s'insurger d'avoir été contacté sur son téléphone cellulaire par un journaliste, il devra s'habituer au «vrombissement» des médias en tant qu'élu à l'Assemblée nationale, affirme le président de la Fédération professionnelle des journalistes, Pierre Craig.

«Les journalistes sont comme des abeilles ouvrières, a dit M. Craig en entrevue. Oui, ça vrombit. Oui, ça peut être tannant.»

Selon lui, le journaliste Denis Lessard, de La Presse, n'a contrevenu à aucune norme de pratique journalistique lorsqu'il a appelé le député sur son téléphone portable, lundi soir. Le coup de fil est survenu après que plusieurs appels à la personne désignée comme contact média pour M. Péladeau sont restés sans réponse.

Péladeau, patron de presse

M. Péladeau est l'actionnaire de contrôle de Québecor, rappelle M. Craig, un groupe qui contrôle le Journal de Montréal, le Journal de Québec et la chaîne TVA. Il doute que, comme patron de presse, il ait reproché à un employé d'avoir obtenu une entrevue avec une personnalité importante en le joignant sur son téléphone cellulaire.

«Est-ce que M. Péladeau, comme patron de presse, aurait laissé le message à tout le monde de ne pas achaler les politiciens? De les laisser tranquilles?», a illustré M. Craig.

Cela dit, il a dit comprendre la réaction du député, qu'il qualifie de «très humaine».

Hier matin, le député de Saint-Jérôme a dit qu'il n'apprécie pas que des journalistes l'appellent sur son téléphone personnel. Selon lui, les politiciens ont droit à leur vie privée.

«Ça va arrêter où?, a-t-il lancé, visiblement contrarié. Ça va-tu aller jusque dans les toilettes?»

Lors de sa mêlée de presse, il a demandé à un journaliste s'il lui arrive d'appeler des politiciens sur leur téléphone personnel. Tous ses collègues ont répondu par l'affirmative.

Il a alors rétorqué qu'il considère cela comme «inacceptable».

Le président de la Tribune de la presse de l'Assemblée nationale, Alexandre Robillard, a indiqué qu'aucune règle n'interdit à un journaliste d'appeler un élu sur son téléphone personnel. Il revient aux politiciens de gérer cette situation, a-t-il expliqué.

En revanche, les journalistes ne peuvent interviewer des politiciens n'importe où dans l'Assemblée nationale, précise M. Robillard. «Au parlement, les journalistes ont accès à certaines zones pour parler aux parlementaires, a-t-il indiqué. Ces zones sont connues et respectées de tous. Il peut arriver que des ailes parlementaires nous avisent lorsque des situations posent des problèmes, mais cela reste exceptionnel.»

Des politiciens de tous les partis ont convenu hier qu'il n'est pas inhabituel de recevoir des appels de journalistes sur leur téléphone portable.

«Quand on est un magnat de la presse, de s'en prendre à la façon de travailler des journalistes, c'est un peu inquiétant», a ironisé le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau.

- Avec La Presse Canadienne