Le Bloc québécois n'aura servi qu'à «justifier le fédéralisme», a déclaré le député péquiste Pierre Karl Péladeau lors d'une réunion avec des militants, la semaine dernière, une opinion diamétralement opposée à la position traditionnelle du Parti québécois.

Devant une quarantaine de jeunes militants de la région des Laurentides, réunis dans sa circonscription vendredi dernier, le député de Saint-Jérôme a eu des mots très durs pour la formation souverainiste fédérale. En réponse à une question de la salle, il a dit carrément ne pas croire à sa pertinence.

«Le Bloc ne sert strictement à rien, sauf à justifier le fédéralisme», a-t-il déclaré, après avoir soutenu: «Le Bloc québécois, j'ai toujours eu un problème avec ça.»

La Presse a téléphoné à son porte-parole Alexandre Ramacieri. Devant l'absence de réponse, elle a joint directement le magnat de la presse. Hors de lui parce qu'on l'avait appelé sur son portable, M. Péladeau a refusé catégoriquement de répondre aux questions.

Ses déclarations risquent de susciter  de nombreux commentaires, de la part de l'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, mais aussi de Bernard Landry, toujours favorable au parti fédéral.

Dans les jours qui ont suivi la démission de Daniel Paillé, l'an dernier, M. Landry a été pressenti pour lui succéder. «Je suis toujours un partisan du Bloc et j'espère que quelqu'un de déterminé prendra la relève», avait-il déclaré en entrevue à La Presse à cette époque.

M. Landry n'a jamais caché son intérêt pour la candidature de M. Péladeau dans la course à la direction du Parti québécois. Ce dernier a justement organisé une soirée pour souligner sa contribution à la vie publique, samedi soir, dans Saint-Jérôme.

Il y a quelques années, Jacques Parizeau avait décrit le Bloc comme «le fer de lance de la souveraineté». Mais à l'origine, René Lévesque était opposé à l'idée que poussait son ministre Marcel Léger.

Le député Bernard Drainville se trouvait dans la salle au moment où M. Péladeau s'est prononcé sur la pertinence du Bloc. Joint hier, il a refusé de commenter ses propos. «Je ne sais pas pourquoi vous m'appelez et je n'ai aucun commentaire à faire là-dessus», a-t-il affirmé.

Plusieurs au PQ ont été mis au courant des critiques de M. Péladeau à l'égard du cousin fédéral, hier. L'information circulait à la permanence du PQ ainsi que dans les organisations d'autres candidats à la succession de Pauline Marois.

Le chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, n'a pas davantage répondu aux appels de La Presse. Son attaché de presse, Simon Charbonneau, a affirmé ne pas être au courant des commentaires du député de Saint-Jérôme.

«Je vous invite à poser la question à M. Péladeau pour qu'il précise sa pensée, a simplement dit M. Charbonneau. Ce n'est pas une position traditionnelle du Parti québécois.»

Bien qu'il ne l'ait pas confirmé officiellement, il est acquis que M. Péladeau se lancera dans la course à la succession de Pauline Marois dans les prochains jours.

La démission-surprise de l'ex-chef Daniel Paillé, en décembre dernier, avait relancé le débat sur la pertinence du Bloc québécois. L'ex-député Yves Michaud a lancé un pavé dans la mare en déclarant que la formation a suffisamment «prêché dans le désert» et qu'elle devait fermer boutique.

Un sondage CROP mené pour La Presse quelques semaines plus tard indiquait que la moitié des Québécois et le tiers des souverainistes se questionnent sur la pertinence du parti souverainiste.

Plusieurs événements sont survenus depuis ce sondage. Pierre Karl Péladeau a fait une entrée fracassante en politique sous la bannière du PQ. Le parti a subi une défaite historique aux élections d'avril. Mario Beaulieu a pris la tête du Bloc en juin, provoquant une guerre intestine qui a entraîné la démission de deux députés.