Parce qu'il est «homogène», le Québec serait à l'abri des débats de société déchirants une fois souverain, pense le chef intérimaire du Parti québécois, Stéphane Bédard.

Le leader péquiste a livré ce plaidoyer, vendredi à l'Assemblée nationale, lors d'un débat sur les «avantages de la souveraineté» et pour lequel le premier ministre Philippe Couillard avait délégué le leader parlementaire Jean-Marc Fournier.

«Je pense que le Québec a mieux à donner dans sa façon différente de voir son territoire, de protéger son environnement, de développer son économie verte, son économie basée sur l'hydroélectricité (et) sur l'électrification des transports. Vous voyez à quel point on pourrait être en avant d'autres nations parce qu'on est plus homogène ici», a déclaré M. Bédard.

Le chef du PQ a fait valoir que ce sont les petits pays qui tirent le mieux leur épingle du jeu sur la planète car ils sont plus homogènes que les grands ensembles nationaux.

«À l'échelle internationale, ceux qui réussissent le mieux, ce sont les petits pays. La Norvège, le Danemark, la Belgique, ce sont des pays qui performent plus. Pourquoi? Parce qu'ils sont plus homogènes, c'est plus facile pour eux d'adopter des politiques ambitieuses en termes économiques», a-t-il dit.

À son avis, un Québec libéré du régime fédéral canadien serait une société «plus soudée», parlant d'une seule voix dans une quasi-unanimité.

«Ces débats entre nous qui nous divisent parfois, dans un Québec souverain nous uniraient», a prophétisé M. Bédard.

Le leader parlementaire libéral a saisi l'occasion pour accuser le député de Chicoutimi de prôner «l'homogénéité» de la société québécoise.

En point de presse au terme du débat en Chambre, M. Fournier a dit comprendre des propos de M. Bédard un «refus de la pluralité et de la diversité», qui annonce, selon lui, le retour sous la férule péquiste de la «charte de l'exclusion».

«Pour moi, homogène, il n'y a qu'un modèle: ça veut dire qu'il n'y a pas de place pour la diversité, il n'y a pas de place pour la pluralité. C'est ça que veut dire homogène», a soulevé le député de Saint-Laurent.

M. Fournier voit dans les propos de M. Bédard un lien très clair avec ceux du député Pierre Karl Péladeau qui décrivait plus tôt cette semaine la charte de la laïcité comme un élément de la «souveraineté identitaire».

Les mots «souveraineté identitaire» sont «liés à une charte dont on sait qu'elle congédie des gens qui sont habillés différemment», a dit M. Fournier au sujet du projet péquiste mort au feuilleton.

M. Bédard s'est défendu en disant que le Québec n'était pas homogène sur le plan ethnique mais plutôt sur le plan des «choix collectifs», comme la protection de l'environnement ou le contrôle des armes à feu. Il a ajouté que son analyse était basée sur les conclusions d'une étude de deux professeurs de l'Université Harvard portant sur les modèles économiques à travers le monde.

Le débat sur la souveraineté - tenu dans le cadre de l'interpellation du vendredi - a par ailleurs donné lieu à un petit coup d'éclat de la part de la Coalition avenir Québec. Le député Benoît Charette, qui représentait son parti, a quitté son siège peu après le début de la séance prétextant avoir mieux à faire que de discuter pendant deux heures d'un projet hypothétique largement abandonné par les Québécois.

«Je pense que les Québécois s'attendent de nous à ce qu'on aille travailler plutôt que de continuer à rêver comme le fait le Parti québécois, en parfaite contradiction avec ce que les électeurs s'attendent de nous, c'est-à-dire se pencher sur les vrais problèmes, a signifié M. Charette, un ancien député du PQ passé à la CAQ. Donc, continuez à rêver, on va aller travailler pour le bienfait des Québécois. Une belle journée.»