«Écoeurantes», «déplorables»... Les révélations de La Presse sur le harcèlement sexuel dans le monde politique ont provoqué de vives réactions chez certaines députées de l'Assemblée nationale, hier, bien qu'elles conviennent que le problème n'est pas propre au monde parlementaire.

Des personnes qui ont occupé diverses fonctions politiques ont indiqué à La Presse avoir vécu ou avoir été témoin d'épisodes de harcèlement sexuel. C'est ainsi que l'employée d'un ministre s'est fait offrir un emploi en échange d'une relation sexuelle avec son patron. Dans un autre cas, l'employée d'un député bloquiste a été victime de harcèlement pendant des mois, même si elle en avait prévenu le whip du parti et le chef.

La cochef de Québec solidaire, Françoise David, se dit estomaquée par l'absence de moyens de la Chambre des communes pour faire face au harcèlement sexuel. Elle a sollicité une rencontre avec le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, pour discuter du problème.

«Sous ces témoignages, il y a tellement de souffrance que c'est dur à recevoir», a indiqué Mme David.

Elle se dit particulièrement frappée par la vulnérabilité des femmes qui sont ainsi soumises à l'autorité de leur patron, et incapables de dénoncer ce qu'elles subissent.

«Ça fait deux ans que je suis ici et je ne pourrais pas vous rapporter de cas de harcèlement sexuel, parce que personne ne m'en a jamais parlé et que je n'ai rien vu personnellement, a-t-elle dit. Cela ne veut pas dire que ça n'existe pas.»

«Ça m'écoeure», a pour sa part tranché la députée de la Coalition avenir Québec Nathalie Roy.

À ses yeux, le harcèlement et l'agression sexuelle ont lieu dans tous les milieux où s'exercent des rapports d'autorité, et pas seulement en politique.

«Des choses similaires, j'en ai vu dans le monde de la télévision», relate l'ancienne journaliste.

Motion

La députée du Parti québécois Carole Poirier a présenté mardi une motion pour que la violence sexuelle faite aux femmes soit étudiée par une commission parlementaire calquée sur le modèle de la consultation «Mourir dans la dignité». Des parlementaires de tous les partis ont rencontré la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, hier soir, pour discuter de la forme exacte que prendra cette consultation.

Mme Poirier espère que le monde politique fera l'objet d'une attention particulière lors de cette consultation, tout comme le milieu autochtone.

«On n'est même pas 30% de femmes parlementaires, a observé la députée. Est-ce qu'il y a une culture machiste? Je pense qu'elle est là dans toute la société.»

Élue pour la première fois en 2008, la députée libérale Maryse Gaudreault travaille en politique depuis 15 ans. Elle préside le Cercle des femmes parlementaires de l'Assemblée nationale, un groupe informel qui rassemble des élues de tous les partis pour discuter d'enjeux touchant la condition féminine.

«Ça fait longtemps que je gravite dans la sphère politique. Je lis comme tout le monde l'histoire de certaines de nos collègues et je trouve ça déplorable. Je suis tout à fait d'accord qu'il faut le dénoncer.»

À l'instar de toutes ses collègues rencontrées par La Presse hier, elle dit ne jamais avoir été témoin d'actes de harcèlement sexuel au fil de ses années à l'Assemblée nationale.