Le Parti québécois accuse le gouvernement Couillard d'abandonner les jeunes sans-emploi et le développement économique régional pour des raisons idéologiques, et ce, sans aucune consultation ou discussion.

Le président du caucus des députés montréalais, Jean-François Lisée, accompagné de trois autres députés de la métropole, a vigoureusement dénoncé, lundi, la décision du gouvernement libéral de restreindre l'accès aux carrefours jeunesse-emploi aux seuls prestataires de l'aide sociale.

Cette décision privera de services 40 000 des 60 000 jeunes qui utilisent présentement les services des carrefours, notamment tous les jeunes de 16 à 18 ans qui ont décroché, qui sont sans emploi et qui n'ont pas encore droit à l'aide sociale puisqu'ils n'ont pas 18 ans. La mesure touchera aussi les sans-chèque, plusieurs immigrants et les jeunes qui cherchent à améliorer leurs conditions de travail.

M. Lisée, candidat potentiel à la direction du PQ, est même allé jusqu'à se lamenter du départ du premier ministre libéral Jean Charest, citant une déclaration de 2008 où ce dernier se disait «le fan numéro un des carrefours jeunesse-emploi» et où il encensait la décision du gouvernement péquiste qui les avait créés, ajoutant que son gouvernement allait «continuer à les appuyer».

«Je ne pensais pas que jamais on s'ennuierait de Jean Charest, a déclaré M. Lisée. Je ne pensais pas... Je ne pensais pas dire ça. On s'en ennuie pas tant que ça, là, mais sur ce sujet-là, je dois vous dire que oui», a-t-il laissé tomber en conférence de presse, provoquant une certaine hilarité chez ses collègues Nicole Léger, Maka Koto et Carole Poirier.

Les députés péquistes dénoncent également la décision d'abolir les centres locaux de développement (CLD), décision qui n'a pas encore été annoncée, mais dont Québec aurait déjà fait part au monde municipal lors d'une réunion secrète, selon le quotidien La Presse.

Jean-François Lisée a rappelé que le premier ministre Philippe Couillard avait promis que la révision des programmes serait suivie d'un «dialogue social» sur les réformes à faire.

«Là, on se rend compte qu'il n'y a pas de discussion, il n'y a pas de dialogue social. Il y a des décisions qui semblent prises au gouvernement du Québec pour démanteler des organismes qui ont été construits avec les acteurs locaux», a-t-il déploré.

De telles démarches demeurent inexplicables, selon le caucus montréalais du PQ, puisque les données démontrent que les sommes dévolues à ces organismes génèrent des revenus, au point de rendre l'investissement profitable.

Une étude de Raymond Chabot Grant Thornton réalisée pour le compte du Réseau des carrefours jeunesse-emploi indique que, pour les sommes allouées annuellement aux carrefours, ceux-ci génèrent un profit net annuel de 27 millions de dollars en rentrées fiscales additionnelles pour Québec.

Du côté des CLD, ceux-ci ont doublé le taux de réussite des entreprises qu'ils accompagnent, ce qui se traduit aussi par d'importantes retombées fiscales.

«Ce sont de bons investissements. J'ai l'impression que c'est complètement idéologique. C'est une vision de l'économie et du développement économique où l'on regarde seulement la colonne des dépenses, mais pas la colonne des revenus que ça génère», a martelé M. Lisée.