Les 120 centres locaux de développement (CLD), structure responsable du soutien aux entreprises créée il y a 15 ans par le Parti québécois, sont appelés à disparaître et seulement la moitié des budgets passeront au municipal.

C'est le plan d'action expliqué mercredi par le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, qui avait convoqué en secret les dirigeants de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et de l'Union des municipalités, pour leur faire part des intentions du gouvernement. Le président de la FQM, Richard Lehoux, a refusé de commenter le contenu de sa rencontre.

Déjà, en début d'année, les CLD avaient vu leur budget diminuer de 10%, mais le gouvernement, qui veut atteindre le déficit zéro l'an prochain, ne s'arrêtera pas là.

«Ce que nous souhaitons, c'est de faire en sorte que le développement économique régional soit fait dans les régions, par les régions, pour les régions, avec les élus municipaux des régions, sur la base de gens qui sont imputables. Les municipalités régionales de comté, les municipalités qui, elles, savent, parce qu'elles sont des acteurs locaux et régionaux, où les efforts doivent être faits», a déclaré Pierre Moreau à l'Assemblée nationale cette semaine.

«Ce que l'on ne veut pas, surtout, c'est de faire en sorte que les efforts économiques de tous les Québécois soient dirigés sur des structures», a-t-il prévenu, interpelé par le PQ à l'Assemblée nationale jeudi.

Économies de 40 millions

Québec compte faire grosso modo 40 millions d'économies dans ce budget, qui était jusqu'ici de 72 millions pour 2014-2015, a appris La Presse. En fait, cette responsabilité de soutenir les entreprises sera transférée aux municipalités ou aux MRC en région, les budgets destinés à être transférés au milieu seront maintenus, mais Québec n'aura plus à débourser l'imposante facture d'administration de ce réseau. Les MRC avaient déjà théoriquement cette responsabilité.

Ce coup de sabre dans les dépenses régionales fait partie d'une stratégie plus large. Le gouvernement Couillard met carrément la hache dans le réseau des 21 conférences régionales des élus (CRE), une structure dont l'administration avalait 38% des budgets. Dans une rencontre, mardi, le ministère de l'Emploi annonçait aussi que les carrefours jeunesse-emploi allaient être réduits au rôle d'exécutants des décisions du ministère.

Dans un échange, occulté par la tragédie d'Ottawa, jeudi, le chef péquiste Stéphane Bédard a accusé le gouvernement Couillard d'avoir choisi, «sous le masque de l'austérité», «de s'attaquer aux moyens donnés aux régions pour s'occuper de leur territoire, pour assumer leur développement économique et social et créer des emplois».

«Le Parti libéral s'attaque à la proximité des services en envisageant l'abolition des CRE, en effectuant une coupure de financement des CLD, en saccageant le modèle des carrefours jeunesse-emploi, qui aident nos jeunes, a soutenu M. Bédard. Ce à quoi on assiste véritablement, c'est un exercice de centralisation autour des ministères à Québec et des ministres omnipotents qui, du haut de leur tour d'ivoire, savent mieux que quiconque comment servir les citoyens», a-t-il déclaré à l'Assemblée nationale.

Pour Philippe Couillard, toutefois, il ne faut pas confondre «mission et structure». On peut continuer de remplir la mission sans maintenir pour autant une organisation coûteuse. «La confusion est malheureusement fréquente. On entend souvent, que ce soit au niveau de la santé ou de l'éducation ou, là, du développement régional, de confondre la mission et la structure. Ce qui est essentiel ici, ce n'est pas la structure, c'est la mission de développement régional local, par des acteurs régionaux locaux, en concertation. Ça, c'est la mission qu'il faut préserver», a répliqué M. Couillard au chef péquiste.