Le plus récent coup de sonde plaçant Pierre Karl Péladeau nettement en tête des prétendants à la direction du PQ inquiète l'aile radicale du parti et laisse présager un virage à droite qui rapprocherait la formation politique de la Coalition avenir Québec, croit le SPQ libre.

« Si PKP nous dit qu'il n'est pas pressé pour un référendum et qu'il veut assainir les finances publiques, on s'en va directement vers une fusion avec la CAQ », avance Pierre Dubuc, secrétaire des Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ libre). Il ajoute que cette éventualité signifierait « la mort du PQ ».

« Tous ceux qui pensent que M. Péladeau sera le premier à appuyer un référendum le plus rapidement possible parce qu'il a levé le poing en campagne électorale vont déchanter pendant la course à la direction », ajoute-t-il.

Le SPQ libre, dont les membres militent au sein du PQ, ne veut pas de Pierre Karl Péladeau comme chef. « Comme premier violon, oui, mais jamais comme chef d'orchestre », dit M. Dubuc.

Le sondage Léger Marketing réalisé pour Le Devoir et publié hier place Pierre Karl Péladeau loin devant les autres candidats pressentis dans le coeur des répondants péquistes. Il recueille 53 % des appuis, alors que Jean-Martin Aussant (qui n'est plus au PQ depuis 2011) et Bernard Drainville obtiennent chacun 7 %. Martine Ouellet et Alexandre Cloutier récoltent tous deux 5 % et Jean-François Lisée, 2 %.

Personne au sein du PQ n'a voulu commenter le sondage.

Le SPQ libre estime que beaucoup d'eau va couler sous les ponts d'ici l'élection, qui est prévue au printemps 2015.

« Personne n'a encore mis ses positions de l'avant et la course sera longue, poursuit M. Dubuc. On en a vu d'autres, des retournements de situation ! »

«Qu'il arrête de se mêler de ça»

Par ailleurs, M. Dubuc a critiqué la sortie de M. Péladeau contre le premier ministre Philippe Couillard, qui a évoqué vendredi une possible participation financière du gouvernement pour ramener les Nordiques à Québec.

« D'un côté, sa politique d'austérité s'attaque aux familles du Québec par des initiatives et [des] ballons d'essai déconcertants [...]. D'un autre côté, on contemple de dépenser de l'argent pour une équipe sportive », a martelé M. Péladeau sur son compte Facebook.

« Il devrait se garder une petite gêne, tranche M. Dubuc. Lui-même, pour avoir une loi qui le protégeait au sujet de l'amphithéâtre, a provoqué une crise qui a failli tuer le PQ. Qu'il arrête de se mêler de ça. »

L'amphithéâtre de la Ville de Québec aujourd'hui en construction sera géré par Québecor. Le gouvernent du Parti libéral a consenti un subside de 200 millions de dollars pour la réalisation de l'édifice. L'Assemblée nationale avait dû voter une loi spéciale en 2011 pour autoriser et protéger l'entente entre l'entreprise, qui était alors dirigée par M. Péladeau, et la Ville de Québec. Le projet de loi 204 avait mené à une crise majeure au PQ avec le départ de Pierre Curzi, Louise Beaudoin, Lisette Lapointe et Jean-Martin Aussant.

Joint par La Presse, le bureau du chef intérimaire du PQ, Stéphane Bédard, a indiqué que le parti est tout aussi opposé que son député vedette à un financement public d'une équipe de hockey de la LNH à Québec.